Titre de l'écran-titre (visionné le 29 juin 2023) / Ce mémoire traite de l'unité thématique qui traverse l'œuvre de Jacques Derrida (1930-2004) et qui lie les réflexions phénoménologiques et linguistiques de ses premiers travaux à ses œuvres « politiques » tardives. La question qui motive notre travail est la suivante : si on associe souvent l'œuvre de Derrida question de l'écriture, on s'intéresse peu à la question de la lecture qui semble pourtant intimement liée au sens de la démarche déconstructive. Le fil directeur qui guide notre recherche est que la lecture doit être comprise chez Derrida comme une pratique politique : d'une part, celle-ci permet d'éclairer la question de l'écriture et de son refoulement (à la fois épistémologique et politique) dans la tradition philosophique ; d'autre part, elle permet démontrer la continuité « méthodologique » qui unit ces premiers travaux « grammatologiques » aux œuvres dites du « tournant éthico-politique ». Cette unité de la pensée théorique et pratique à travers la lecture s'incarne de manière singulière chez Derrida par l'insistance sur l'héritage marxien de la pensée déconstructrice. Dans un premier temps, nous restituerons la problématique du refoulement de l'écriture telle qu'elle est développée par Derrida à partir de la lecture de Platon, Husserl et Saussure. Dans un second temps, nous évaluerons si le thème de la lecture a subi un traitement similaire. Pour ce faire, nous analyserons la confrontation engagée par Derrida avec le concept traditionnel d'interprétation. Nous en dégagerons alors un concept productif de lecture. Enfin, insistant sur la généalogie marxienne de la pensée derridienne de la lecture, nous ouvrons une réflexion sur la politique déconstructive et son rapport aux « spectres » de la tradition à partir de la lecture de Marx.