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Regards croisés sur le corps féminin dans les dessins érotiques d’Egon Schiele (1910-1911)Marcoux, Gabrielle 04 1900 (has links)
Pour respecter les droits d’auteur, la version électronique de cette thèse a été dépouillée de certains documents visuels et audio-visuels. La version intégrale de la thèse a été déposée au Service de la gestion des documents et des archives de l'Université de Montréal. / Nous proposons dans ce travail que l’artiste Egon Schiele (1890-1918) a su exprimer l’ambivalence et l’angoisse entourant la question de la sexualité à Vienne au début du XXe siècle, plus spécifiquement à travers ses œuvres érotiques féminines sur papier réalisées en 1910-1911. À cette époque, des discours polarisés essentialisant la femme et sa sexualité se développent, notamment dans les sphères de la psychanalyse et de la philosophie continentale. La liberté sexuelle des jeunes femmes est réprimée et l’accès à l’information sur la sexualité leur est refusé. Pour les hommes, il s’avère ardu de concilier les propos puritains prônant l’abstention et leurs pulsions et curiosité libidinales, qui ne peuvent être assouvies que secrètement auprès de prostituées. Pour plusieurs, une vie sexuelle active devient synonyme de maladies vénériennes et de déchéance sociale.
C’est en favorisant une approche théorique psychanalytique et féministe, portant sur le regard confronté au corps sexué, que nous étudions les modes d’adresse s’établissant entre les modèles, le spectateur et l’artiste à travers ce corpus, afin de mieux comprendre les affects particuliers et les bouleversements des traditions phallocentriques mis de l’avant par Schiele. Ce mémoire considère qu'en optant pour une représentation plastique du corps féminin dérangeante et constamment variable, de même qu’en interpellant ses contemporains de façon ambiguë grâce à des dispositifs visuels hybrides, le jeune artiste a su ébranler l'autorité traditionnelle du spectateur/voyeur masculin face à l’objet de désir féminin. Il serait ainsi parvenu à critiquer l'hypocrisie et l'inconfort identitaire et sexuel dominants au tournant du siècle. / In the present work, we argue that the artist Egon Schiele (1890-1918) was able to express the ambivalence and anxiety surrounding the topic of sexuality around 1900 through his erotic drawings of female nudes, especially those produced in 1910-1911. In the early twentieth century, in Vienna, essentialist and polarized concepts about women and female sexuality are developed, especially in the fields of psychoanalysis and continental philosophy. Young women are denied access to any kind of sexual knowledge or experimentation. Meanwhile, men are torn between austere discourses preaching abstention and their sexual urges and curiosity; many must secretly resort to prostitutes in order to satisfy their impulses. For most, an active sex life implies venereal diseases and social decay.
While referring to psychoanalytical and feminist theories about the gaze and its encounter with the carnal body, we have studied the spectatorial relationships established between the models, the spectator and the artist across this corpus, in order to better understand the repudiation of the phallocentric traditions as proposed by Schiele. We believe that by representing the female body in disturbing and inconstant esthetic manners, as well as by reaching out to his contemporaries in ambiguous ways through hybrid visual devices, the young artist was able to undermine the traditional authority of the male viewer over the feminine object of desire. In so doing, Schiele managed to criticize the prevailing hypocrisy and discomfort regarding sexual identities and practices at the turn of the century.
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