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Salaire minimum en Turquie : impact sur les inégalités, la pauvreté et l'emploi / Minimum wage in Turkey : impact upon inequality, poverty and employment

Aslan, Gürdal 18 December 2013 (has links)
Cette thèse porte sur la question du salaire minimum et de son rôle dans une société turque marquée par un faible taux d'activité, un secteur informel important, un exode rural massif, ou encore une organisation familiale élargie reposant souvent sur un seul apporteur de revenu. L'importance du salaire minimum est accrue dans la mesure où il est l'une des seules normes existant en matière de rémunération, compte tenu du champ très réduit des conventions collectives en Turquie. Le salaire minimum en Turquie est un salaire unique, national, obligatoire pour tous les secteurs d'activité, mensuel et fixé par une Commission tripartite; il s'applique, selon la législation turque, de façon relativement contraignante et uniformément sur tout le territoire, ce qui est loin d'être le cas dans la plupart des autres pays de l'OCDE. Il est l'objet d'une politique active qui a pu, dans l'histoire, poursuivre plusieurs objectifs (à certaines périodes, il fut clairement considéré comme un mécanisme de redistribution des revenus, à d'autres il fut utilisé pour limiter l'inflation ou encore pour relancer la consommation). Le salaire minimum turc est relativement élevé et concerne une part importante des salariés du secteur formel. En Turquie où la syndicalisation est faible, le salaire minimum constitue un rempart permettant de compenser l'absence ou la faiblesse de la négociation collective. Malgré l'existence de nombreux débats, notamment sur le niveau du salaire minimum et son mode de fixation, il ressort de notre enquête auprès des acteurs sociaux un fort attachement des travailleurs et des employeurs à ce dispositif. Dans ce contexte, la thèse propose de contribuer à l'évaluation de l'impact du salaire minimum en Turquie sur les salaires, les revenus, la pauvreté et l'emploi formel et informel. À l'aide de différentes techniques statistiques et économétriques à partir des micro-données de ménages et d'entreprises, nous montrons que les hausses du salaire minimum permettent de réduire les inégalités pour l'ensemble des salaires et la dispersion des salaires entre hommes et femmes et entre jeunes et adultes, en particulier en rehaussant les salaires du bas de la distribution. Ces évolutions plutôt favorables ne touchent pas les inégalités entre l'emploi formel et informel, où les écarts de salaire se creusent. Cet effet globalement positif sur les inégalités de salaires soulève la question de l'impact du salaire minimum sur les revenus des familles des travailleurs et ainsi, de celle du salaire minimum sur les inégalités de revenu et la pauvreté générale. Nos simulations montrent un faible effet des hausses du salaire minimum sur les inégalités de revenus et sur la pauvreté, ce qui s'explique par le grand nombre de travailleurs du secteur informel, de travailleurs indépendants, de travailleurs familiaux non rémunérés mais aussi de personnes sans emploi. En effet, les diverses caractéristiques du marché du travail turc contribuent à limiter le champ sur lequel le salaire minimum peut avoir un impact direct, puisque le taux d'activité est faible, le taux de chômage élevé et le travail informel encore important. L'organisation actuelle de la société turque, en particulier du marché du travail, ne permet pas au salaire minimum d'être un instrument efficace en matière de lutte contre les inégalités de revenu et contre la pauvreté. Nos résultats laissent penser que seules les évolutions du marché du travail susceptibles d'augmenter le taux d'activité et de réduire l'emploi informel permettraient au salaire minimum de contribuer à améliorer le niveau de vie en couvrant une plus large part de la population. Or nos travaux montrent que si le salaire minimum ne conduit pas nécessairement à des destructions d'emplois comme le suppose le modèle néoclassique, il est corrélé, en Turquie, à un développement de l'emploi informel non agricole. / This thesis focuses on the question of minimum wage and its role in the Turkish society. This society is marked by a weak activity rate, an important informal sector, a massive rural exodus and the preponderance of large families with one income earner. In Turkey, minimum wage is a central issue because it is the only existing regulation in the matter of remuneration, given the reduced number of collective agreements for employees. In this country, the minimum wage is unique, national and obligatory for all sectors of the economy. It is a monthly requirement, enforced by a tripartite Commission. According to Turkish legislation, it is applied in a relatively forced way but equally throughout the country. Nevertheless it is different from the experience of most of the other countries of the Organization for Economic Cooperation and Development. From an historical perspective, minimum wage is the object of an active policy. In some instances it has been considered as a mechanism to redistribute revenue. In other cases, it has been used to reduce inflation or even stimulate consumption. The Turkish minimum wage is relatively high and concerns a large part of formal sector's employees. Because unions are weak, minimum wage acts as a guarantee by compensating for the absence or the fragility of collective wage agreements. In spite of the numerous debates on minimum wage and its mode of implementation, our investigation of social actors shows that both employees and employers pay strong attention to this device. In this context, the thesis proposes to contribute the assessment of the impact of minimum wage in Turkey on wages, income, poverty and formal as well as informal employment. Using different statistical and econometrical techniques with micro-data from households and business enterprises, we show that increases in minimum wage result in decreases in inequalities for all sectors of economic activity, inc1uding the distribution of wages by gender and age. Low earners seem particularly to benefit from a rising minimum wage. These mechanisms seem not to impact the inequalities between the formal and informal sector with the latter larger wage differentials. This overall positive effect on the inequalities in income raises the question of the impact of minimum wage on the earnings of families of workers and on general poverty. Our simulations show a weak effect of increasing minimum wage on income inequality and on poverty. This could account for the large number of workers in the informal sector, of the self-employed, of the unpaid family employees and also of unemployed. The diverse characteristics of the Turkish labour market limit the field in which the minimum wage can have a direct impact, given the weak activity rate and the higher rate of unemployment and informal sector. The actual organization of the Turkish society, particularly the labour market, does not allow the minimum wage to be an effective tool in the fight against inequalities of income and against poverty. Our results make us think that only changes in the labour market, that may increase the rate of activity and reduce informal employment, could allow the minimum wage in improving the life quality for a larger part of the population. However, our work shows that the minimum wage is not necessarily the driving force of the destruction of employment as the standard model considers it. ln Turkey, it is correlated to the development of informal nonagricultural employment.

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