Cette recherche qualitative explore le vécu de sept femmes qui ont perdu un parent par suicide dans leur enfance ou leur adolescence, entre l'âge de 5 ans et 16 ans, ainsi que les facteurs de vulnérabilité et de protection qui ressortent de cette expérience. Pour ce faire, trois questions ont été explorées : 1 ) Quelles sont les caractéristiques du contexte de vie familiale avant et après le suicide du parent ? 2) Qu'est-ce qui caractérise le vécu d'un jeune qui a perdu un parent par suicide ? 3) Quels sont les facteurs de vulnérabilité et de protection repérables dans le discours des répondantes ? À la lumière du discours de ces femmes, on note que les relations familiales étaient bonnes dans l'ensemble, mais que ces familles vivaient de l'instabilité avant le suicide du parent. De plus, les relations entre le parent vivant et l'enfant se sont détériorées après le suicide. Plusieurs répondantes ont grandi au sein de familles où le tabou, entourant le suicide de leur parent, était présent. Des éléments de parentification ont aussi été vécus chez plusieurs des répondantes et des émotions particulières ont été rapportées au moment où elles ont appris, des années plus tard, la véritable cause du décès de leur parent. Parmi les facteurs de protection repérés, on retrouve la présence d'une personne significative dans l'entourage des répondantes et le milieu scolaire comme éléments de stabilité, de répit et comme source de valorisation. Finalement, le fait de partager leur vécu avec autrui, d'avoir utilisé des mécanismes de défense efficaces, d'avoir gardé espoir ainsi que d'avoir une perception positive d'elles-mêmes ont été identifiés, par les répondantes, comme facteurs de protection internes.