L’urbanisation poursuit sa diffusion sur les territoires ruraux québécois, malgré la condamnation dont elle fait l’objet et les politiques de contention mises en œuvre par le régime aménagiste québécois. Il y a là un paradoxe. Diverses explications plausibles peuvent être envisagées : faiblesse de la classe politique, laxisme des administrations territoriales, efficacité en sous-main de divers groupes de pression. Or, aucune ne semble à la hauteur du phénomène. L’affaire est d’un autre ressort, car, malgré une volonté explicitement formulée de contrôler l’urbanisation diffuse et de densifier les noyaux urbains, lois et règlements ménagent clairement des possibilités de poursuivre cette urbanisation diffuse, y encouragent même parfois en dépit des dénégations de principe. Refusant d’y voir de regrettables inadvertances et convaincu que les sociétés vivent dans un monde conditionné par des mythes, je défends une interprétation du régime aménagiste québécois qui relie les diverses normes relatives à la gestion de l’urbanisation à une vision du territoire dont la cohérence interne est assurée par un récit sous-jacent plus fort que tous les beaux discours de surface qui, pris séparément, peuvent parfois paraitre le contredire. Dans le contexte des débats entourant la révision des principales lois d’aménagement au Québec, dans lequel l’aménagement durable de l’urbanisation constitue l’un des défis majeurs, cette thèse aborde l’étude du régime aménagiste en questionnant les motifs qui l’animent, et soumet quelques pistes de réflexion et d’action. Mots-clés: Urbanisation diffuse, norme, aménagement du territoire, mythe pastoral, Nouveau Monde, paradis terrestre, rurbanisation, désurbanisme, intertextualité.