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La voce passionata : forza espressiva e affetti sociali nel "Saggio sull’origine delle lingue" di Rousseau / La voix passionnée : force expressive et affections sociales dans l'"Essai sur l'origine des langues" de Rousseau / The Passionate Voice : Expressive Force and Social Affections in Rousseau’s "Essay on the Origin of Languages"Boccolari, Francesco 19 October 2018 (has links)
Cette recherche combine des éléments qui appartiennent à l'histoire de la philosophie, à la philosophie politique et à la philosophie du langage. Son objet est d’observer et de recomposer certaines des étapes qui marquent, dans la philosophie de Rousseau, l’émergence progressive et radicale du langage en tant que facteur politique. Plus précisément, elle fournit une étude de la conception pragmatique du langage qui sous-tend la thèse principale de l’Essai sur l’origine des langues, selon laquelle la parole ne tire pas son origine des besoins physiques mais des passions considérées comme « besoins moraux ». Rousseau estime que contrairement aux besoins physiques, inéluctablement ressentis par les hommes indépendamment de l’éventualité et des circonstances de leur rencontre, les passions ne s’animent jamais « tant qu’elles sont de nul effet » (Emile, II, OC IV, Pléiade, p. 321), à savoir tant qu’elles ne sont pas en mesure d’agir l’une sur l’autre à l’intérieur d’une relation dont elles constituent les pôles. Or précisément parce qu’il pense que la parole, à son origine, a été occasionnée par ce type d’affections qui se développent dans l’âme humaine en produisant leurs effets à l’intérieur des relations, il considère également que son rôle primitif n’a pas consisté à représenter un contenu préconstitué par rapport à sa matérialisation phonique, mais à exercer une force immanente à l’expression sonore du sentiment. En ce sens, la tâche que s’assigne Rousseau dans l’Essai sur l’origine des langues est de rendre compte des facteurs qui ont permis à la langue de se rendre porteuse, dans un moment chronologiquement et logiquement secondaire de son histoire, de significations générales et abstraites de toute attitude émotive inhérente à l’acte d’énonciation du sujet. Le grand intérêt de cette explication consiste à attribuer l’éclosion et le progrès de la dimension représentative du langage à une modification de sa fonction sociale et politique, une modification qui consiste dans la suppression graduelle de la nécessité d’exercer par la parole une action morale sur autrui, d’exciter et de calmer les passions par les sonorités du discours, d’agir avec force dans le langage et d’influer par là-même sur la société. / This research combines elements of history of philosophy, political philosophy, and philosophy of language. It aims at investigating and reconstructing certain stages which, in Rousseau’s philosophy, mark the progressive and radical emergence of language as a political factor. In particular, the research provides a study of Rousseau’s pragmatic account of language, insofar as it underpins the main thesis of the Essay on the Origin of Languages. According to this thesis, speech does not originate from physical needs, but from human passions, conceived of as “moral needs”. Rousseau affirms that, contrary to physical needs, which inevitably arise in humans regardless of different occasions and circumstances, “the passions never become animated so long as they are of no effect” (Emile II, A. Bloom tr., New York, 1979, p. 92). Passions, that is, are only aroused in humans by acting upon each other, within a relationship of which they constitute the opposite poles. Since, according to Rousseau, speech was first caused by human passions — which can only develop in the soul and produce their effects within social relationships — he maintains that the original function of speech was not to represent a content that existed previously to its phonic materialisation. Rather, its primary role was to exert a power that is immanent to the voiced expression of feelings. In this sense, Rousseau’s goal in the Essay on the Origin of Languages is to provide an account of the elements that allowed language to become the bearer, in a logically and chronologically subsequent moment of its history, of general and abstract meanings, which are independent of any emotional attitude inherent in the subjective act of enunciation. A particularly interesting aspect of Rousseau’s explanation is that it ascribes the birth and progress of the representative dimension of language to a modification of its social and political function. This modification consists in the gradual suppression of the human needs to produce moral effects in the souls of others, excite or calm down passions through the sounds and tones of speech, and to exert an influence on society by forcefully acting through language.
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