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Exploration des attitudes à l'égard de la grossesse chez les jeunes femmes inuites du NunavikMoisan, Caroline 27 January 2024 (has links)
Au Nunavik, en 2017, près d'une femme sur trois (31%) âgée de 15 à 19 ans a déjà vécu une grossesse. Bien que le taux de grossesses à l'adolescence au Nunavik soit un des plus élevés au monde, aucune étude n'a documenté les attitudes à l'égard de la grossesse chez les jeunes femmes inuites du Nunavik. Pourtant, on sait qu'être ambivalente, indifférente ou favorable à l'égard de la grossesse sont des attitudes associées à une utilisation absente ou irrégulière des méthodes contraceptives, ainsi qu'à la survenue d'une grossesse en population générale non autochtone. L'ambivalence serait particulièrement fréquente chez les adolescentes, et entrainerait des taux élevés de grossesses chez celles-ci. Cette thèse vise globalement à améliorer notre compréhension du phénomène des grossesses adolescentes chez les jeunes femmes inuites âgées de 16 à 20 ans au Nunavik. Elle poursuit trois objectifs : a) examiner chez ces jeunes femmes la répartition des attitudes à l'égard de la grossesse; b) déterminer les caractéristiques sociodémographiques, psychosociales, socioculturelles et comportementales des jeunes femmes dont l'attitude à l'égard de la grossesse est susceptible de mener à sa survenue; et c) explorer l'expression de l'ambivalence à l'égard de la grossesse dans ce même groupe, ainsi que les thèmes sous-jacents. Cette thèse à devis mixte s'inscrit dans le champ de la psychologie sociale et est nichée dans l'Enquête de Santé inuite du Nunavik Qanuilirpitaa? 2017. Son volet quantitatif, qui couvre les deux premiers objectifs, se base sur les données de cette enquête relativement aux femmes âgées de 16 à 20 ans (n = 172). Son volet qualitatif, qui lui vise à répondre au troisième objectif, repose sur des entrevues individuelles menées avec des jeunes femmes ayant participé au volet quantitatif et ayant vécu une grossesse dans les 12 mois précédents l'enquête (n = 15). Nos résultats quantitatifs indiquent que les attitudes susceptibles de contribuer à la survenue d'une grossesse, soit être ambivalente, indifférente ou favorable, sont majoritaires chez les adolescentes participantes, parmi elles, l'ambivalence étant la plus fréquente. Les résultats bivariés font ressortir diverses caractéristiques sociodémographiques, psychosociales et socioculturelles propres aux jeunes femmes ayant une attitude susceptible de mener à une grossesse, comparativement à celles ayant une attitude défavorable. Elles ont davantage tendance à travailler, à rapporter moins d'interactions positives avec leurs proches, ainsi qu'à présenter un score supérieur à un outil culturellement adapté visant à cerner les avantages associés à la grossesse (en anglais, le Benefits of Childbearing [BOC]; Rocca et al., 2013). Les résultats multivariés, ajustés pour la survenue d'une grossesse, font quant à eux ressortir seulement des caractéristiques socioculturelles associées aux attitudes susceptibles de mener à une grossesse. En effet, les résultats multivariés démontrent uniquement une association entre ces attitudes et un score élevé au BOC. Des régressions logistiques réalisées pour chaque item du BOC révèlent par la suite que la perception qu'avoir un enfant consolide la relation avec l'autre parent et que cet événement favorise l'obtention d'un logement sont des avantages perçus associés aux attitudes tendant à mener à une grossesse. Les résultats qualitatifs, pour leur part, explorent les diverses facettes de l'ambivalence des adolescentes inuites à l'égard de la grossesse. L'ambivalence a été exprimée par le biais de cognitions et d'affects positifs et négatifs simultanés, lesquels peuvent être traduits par des avantages et des inconvénients liés à une grossesse. Parmi les thèmes qui ont émergé du discours des participantes ambivalentes, on trouve l'importante valorisation de l'enfant et de l'expérience de la maternité dans la société inuite, l'utilisation irrégulière de méthodes contraceptives, la perception plutôt biaisée du risque de vivre une grossesse et l'âge idéal perçu pour vivre une grossesse. Cette thèse a suivi les lignes directrices en matière de recherche recommandées par différences instances autochtones. Elle répond notamment à une priorité de santé exprimée par des représentants nunavimmiuts soucieux d'une compréhension accrue des grossesses à l'adolescence et des besoins qui les entourent, et met en lumière les savoirs expérientiels inuits à toutes les étapes du processus de recherche. Ses résultats, discutés en conclusion, permettent d'améliorer notre compréhension des grossesses à l'adolescence chez les jeunes femmes inuites du Nunavik tout en supportant mieux les adolescentes dans leur processus réflexif quant à leur désir de grossesse et leur vécu d'une grossesse à cet âge. / In 2017 in Nunavik, close to one in three women (31%) aged 15 to 19 years old had experienced a pregnancy. Although the adolescent pregnancy rate in Nunavik is one of the highest in the world, no study has documented the attitudes toward pregnancy present in young Inuit women in Nunavik. Ambivalent, indifferent, or favourable attitudes toward pregnancy are associated with either an absent or an irregular use of contraception, and with pregnancy in the general non-indigenous population. Ambivalence is shown to be even more frequent among adolescents, which leads to higher rates of pregnancy among them. This thesis aims to improve our understanding of adolescent pregnancy among young Inuit women aged 16-20 years old in Nunavik by a) examining the distribution of attitudes toward pregnancy, b) determining the sociodemographic, psychosocial, sociocultural and behavioural characteristics that are associated with women who display high pregnancy likelihood attitudes (HPLAs; ambivalent, indifferent, and favourable), and by c) exploring the expression of ambivalence toward pregnancy, among other pregnancy-related attitudes, and by examining the themes underlying this attitude. This mixed-method thesis is embedded in the Nunavik Inuit Health Survey Qanuilirpitaa? 2017. Its quantitative component, which covers the first two objectives, is based on data concerning women aged 16-20 years old (n = 172). Its qualitative component, covering the last objective, is aimed at women who participated in the quantitative component who experienced a pregnancy in the 12 months prior to the survey (n = 15). Results from the quantitative component show that HPLAs are frequent in most female adolescents in Nunavik, with ambivalence being the most frequent among all attitudes. Bivariate analyses show that those with HPLAs were more likely to work, less likely to report frequent positive interactions with friends and family, and more likely to get a higher score on the culturally adapted Benefits of Childbearing (BOC; Rocca et al., 2013) scale compared to others. On the other hand, a multivariate analysis adjusting for lifetime pregnancy only revealed the link between an increased BOC score and HPLAs. More specifically, multiple regressions conducted for each item of the BOC showed that perceiving that a baby would strengthen the relationship with the other parent and that having a child would help to access housing were individually associated with HPLAs. As for the qualitative component, a general inductive approach allowed us to explore the expression of ambivalence toward pregnancy and the themes underlying this attitude. Ambivalence toward pregnancy was expressed through positive and negative thoughts and beliefs translating into advantages and disadvantages of having a child. Four themes were identified: the value of childbearing/motherhood, the irregular use of contraceptives, a biased perception of the likelihood of becoming pregnant, and the perceived ideal age for becoming pregnant. This thesis aligns with several research guidelines recommended by various Indigenous jurisdictions. It responds in particular to a health priority expressed by Nunavimmiut representatives and highlights Inuit experiential knowledge in all stages of the research process. Results from this thesis, discussed in the conclusion, deepen our understanding of adolescent pregnancy among young Inuit women while also supporting them in their reflexive process concerning pregnancy.
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