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Exposition au mercure via la chaîne alimentaire au Nunavik : tendances géographiques et temporelles chez les femmes enceintes

De Moraes Pontual, Mariana 27 January 2024 (has links)
En Arctique, les populations autochtones vivent de la consommation de mammifères marins et de poissons et peuvent être exposées à des doses élevées de méthylmercure (MeHg). Par ailleurs, puisque la disponibilité des espèces concernées varie au fil des mois, tout porte à croire que l’exposition au MeHg change aussi d’un mois à l’autre. Il existe encore d’importantes lacunes dans les connaissances quant aux variations géographiques et temporelles de l’exposition au MeHg et quant aux aliments responsables de celles-ci, surtout pour ce qui est de l’exposition chronique et à de plus faibles doses chez les femmes enceintes au Nunavik. Plusieurs résultats de l’Étude sur le développement de l’enfant au Nunavik (EDEN) montrent que la vie fœtale est un moment crucial pour prévenir l’exposition au MeHg afin d’éviter plusieurs effets neurologiques qui se répercutent jusque tard dans l’enfance. En conséquence, en 2011, la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik (RRSSSN) a publié et diffusé un message recommandant aux femmes enceintes et en âge de procréer de réduire leur consommation de viande de béluga. L’objectif de la présente étude était de caractériser les variations géographiques et temporelles de l’exposition au MeHg chez les femmes Inuit durant la grossesse et mieux identifier les aliments traditionnels responsables de ces variations. Cette étude transversale réalisée d’octobre 2016 à mars 2017 visait les femmes enceintes âgées de 16 ans et plus au Nunavik. Les femmes ont été recrutées sur une base volontaire et des échantillons sanguins et de cheveux ont été collectés. Un questionnaire administré lors d’un entretien a été utilisé pour recueillir des informations sur la grossesse, la fréquence de consommation des aliments traditionnels par saison et la sensibilisation aux messages de santé publique. Le Hg total dans le sang a été mesuré par spectrométrie de masse avec plasma à couplage inductif (ICP-MS). Dans les cheveux, le Hg total a été analysé par spectrométrie d’absorption atomique à vapeur froide (CV-AAS), ceci par centimètre (cm) pour évaluer l’exposition mensuelle et rétrospective au mercure (Hg). Des analyses de régressions multiples ont été effectuées afin d’évaluer la variation saisonnière et régionale des niveaux de Hg. Une analyse de classes latentes a été réalisée afin d’identifier les femmes enceintes présentant des trajectoires mensuelles similaires des variations de niveaux de Hg dans les cheveux au fil du temps. Basé sur les concentrations de MeHg dans les aliments traditionnels et la fréquence de consommation de ces aliments, l’apport moyen en MeHg par saison a été estimé. Au final, 97 femmes enceintes de 13 des 14 communautés du Nunavik ont été recrutées. Plus de 23% des participants avaient des concentrations sanguines de Hg supérieures à la recommandation de Santé Canada (≥ 8 µg/L) au moment du recrutement (automne 2016 - hiver 2017). Alors qu’aucune différence régionale des concentrations de Hg dans le sang et dans les cheveux n’a été constatée pendant cette période, les analyses séquentielles de Hg dans les cheveux ont révélé d’importantes variations mensuelles de l’exposition au Hg : les concentrations de Hg étaient plus élevées durant les mois d’été (p < 0.05) et plus basses durant ceux de l’hiver (p < 0.001). Trois classes latentes (groupes) de femmes enceintes avec des trajectoires similaires de variations mensuelles de Hg dans les cheveux ont été identifiées : variation élevée (n = 20; 22%), variation modérée (n = 38; 41%) et faible variation au fil des mois (n = 35; 38%). La viande de béluga était l’aliment traditionnel contribuant globalement à la plus grande proportion de l’apport quotidien en MeHg au sein de chaque groupe de femmes enceintes et durant chaque saison, mais principalement en été. La consommation de viande de béluga était également le seul aliment traditionnel associé au risque d’être classifié dans les groupes de variations mensuelles de Hg modérées et élevées (OR = 1,19 [1,01-1,39] d’être dans le groupe modéré par rapport au faible; OR = 1,25 [1,04 -1,50] d’être dans le groupe élevé par rapport au faible). Un peu plus du tiers (35%) des femmes enceintes avait déjà entendu le message de santé publique recommandant de réduire leur consommation de viande de béluga durant leur grossesse. Notre étude montre une exposition élevée au MeHg chez les femmes enceintes du Nunavik, particulièrement en été, et que la consommation de viande de béluga est la principale source d’exposition au MeHg chez ces femmes. Nos résultats soulignent également l’importance de documenter les variations saisonnières de la consommation d’aliments traditionnels avant de mener des études de biosurveillance pour évaluer de manière plus adéquate l’exposition au MeHg sur une base annuelle. Compte tenu de la prévalence élevée d’insécurité alimentaire au Nunavik et du rôle central que jouent les aliments traditionnels dans la culture et pour le statut nutritionnel des Inuit, une approche plus consolidée avec les professionnels de la santé locaux et des conseils alimentaires ciblés à l’approche de l’été et dans les villages où la viande de béluga est souvent consommée peuvent être des avenues prometteuses pour prévenir l’exposition au MeHg tout en faisant la promotion des aliments traditionnels pour des grossesses et des enfants en santé au Nunavik. / In the Arctic, indigenous populations living off marine mammals and fish consumption may be exposed to high doses of methylmercury (MeHg). Furthermore, since their availability varies over months, there is every reason to believe that exposure to MeHg also varies from month to month. There are still significant knowledge gaps with respect to geographic and temporal variations in MeHg exposure and about country foods responsible for MeHg exposure, particularly for pregnant women in Nunavik. Several findings from the Nunavik Child Development Study highlight that fetal life is a critical moment to prevent MeHg exposure in order to avoid neurodevelopmental outcomes later in childhood. Accordingly, in 2011, the Nunavik Regional Board of Health and Social Services (NRBHSS) released and disseminated a dietary recommendation for pregnant and childbearing age women to reduce their consumption of beluga meat. The aim of the present study was to characterize the geographic and temporal variations in MeHg exposure among Inuit women during pregnancy and to better identify country foods responsible for these variations. This cross-sectional study was carried out with pregnant women aged 16 and over in Nunavik between October 2016 and March 2017. Pregnant women were recruited on a voluntary basis and blood and hair samples were collected. An interview-administered questionnaire was used to gather information on pregnancy, country food frequencies of consumption by season and awareness of public health messages. Blood total Hg was measured using Inductively coupled plasma mass spectrometry (ICP-MS). Hair total Hg was measured by centimeter as a surrogate for monthly exposure using Cold vapor atomic absorption spectrometry (CV-AAS). Multiple regressions analyses were done to assess the seasonal variation and the regional difference of mercury (Hg) levels. A latent class growth analysis was conducted to identify pregnant women with similar monthly trajectories in hair Hg levels over time. Based on the MeHg concentrations in country foods and consumption frequencies, their seasonal daily intake of MeHg was estimated. In total, 97 pregnant women from the 13 of the 14 Nunavik communities were recruited. Up to 23% of participants had blood Hg levels above the Health Canada guideline (≥ 8 µg/L) at the recruitment time (Oct 2016 – March 2017). While no regional difference in hair and blood Hg were observed in this period, sequential Hg hair analyses show important monthly variations in Hg exposure over the past year as Hg hair concentrations were significantly higher in summer (< 0.05) and lower in winter (p < 0.001) Three latent classes (groups) of pregnant women with similar trajectories of Hg hair monthly variations were identified: high variation (n=20, 22%), moderate variation (n=38, 41%) and low variation over time (n=35, 38%). Beluga meat was the country food generally contributing to most of daily MeHg intake within each group of pregnant women for all seasons, but primarily in the summer. Beluga meat intake was also the only country food associated to the odd of being classified into moderate and high hair Hg monthly variations groups (OR = 1.19 [1.01-1.39] for moderate versus low; OR = 1.25 [1.04 -1.50] for high versus low). Only one-third (35%) of pregnant women were aware of the public health message recommending to reduce their consumption of beluga meat. Our study shows a high MeHg exposure among Nunavik pregnant women, particularly in the summer, and that beluga meat consumption was the primary source of exposure to MeHg among these women. This study also highlight the importance of documenting the seasonality in country foods consumption before conducting biomonitoring studies in order to more adequately assess MeHg exposure on an annual basis. Given the high prevalence of food insecurity in Nunavik and the central role that country foods play in the culture and nutritional status of Inuit, a more consolidated approach together with local health professionals and targeted dietary counselling as summer is coming and in villages where beluga meat is often consumed may be promising avenues for preventing MeHg exposure while promoting traditional foods for healthy pregnancies and children in Nunavik.
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Les composés dioxin-like mesurés par DR-CALUX et les paramètres osseux évalués par ultrasonographie chez les femmes cries et inuites du Nord-du-Québec et du Groenland

Paunescu, Alexandra-Cristina 18 April 2018 (has links)
Prémisses: Les Autochtones sont exposés à plusieurs contaminants par leur alimentation traditionnelle. Les niveaux plasmatiques élevés de certains contaminants mesurés chez les Inuits et Cris nous ont menés à l'hypothèse voulant qu'ils soient impliqués dans une diminution de la qualité osseuse chez ces populations. Objectif: Investiguer la relation entre les paramètres osseux ultrasonores (QUS) mesurés au niveau du calcanéum de femmes inuites et cries et leurs concentrations plasmatiques de composés Dioxin-Like (DLC) mesurées à l'aide d'un bioessai. La relation entre les paramètres QUS et les concentrations plasmatiques de certains biphényles polychlorés-dioxin-like mono-ortho-substitués (BPC-ZXL-105, -118, -156, -157, -167, -189) a également été étudiée. Méthodes: Cent quarante neuf Inuites de Nuuk (Groenland), 195 Inuites du Nunavik et 249 Cries du Nord-du-Québec, âgées de 35 à 74 ans, ont été incluses dans cette étude. Les paramètres osseux (vitesse du son, atténuation des ondes, indice de rigidité) ont été mesurés par ultrasonographic (Appareil Achilles Lunar au Groenland et Achilles InSight® au Nunavik et chez les Cries). Les DLC ont été mesurés par le bio-essai Dioxin-Responsive Chemically-Activated LUciferase expression (DR-CALUX) et les BPC-DL, par chromatographie en phase gazeuse avec détecteur à capture d'électrons dans le Projet Groenland et par la chromatographic gazeuse couplée à la spectrométrie de masse, dans les Projets Nunavik et Cri. Les relations contaminant-paramètre osseux ont été investiguées en régression linéaire simple et multiple. Résultats: Aucune relation n'a été observée entre le niveau des DLC mesuré par DR-CALUX et les valeurs des paramètres osseux. Par contre, des relations significatives négatives ont été identifiées entre les niveaux plasmatiques des BPC-.DZ (BPC-DL-105, -118 et -157) et les paramètres ultrasonores qui reflètent la qualité osseuse. La relation observée était dans certains cas (BPC-DZ-105, -118, -156, -167 et -189) modérée par le poids corporel, la parité, le niveau sanguin de mercure et la présence d'une cause secondaire d'ostéoporose. Conclusion: Outre les BPC mono-ortho substitués, l'étude a permis d'identifier plusieurs autres facteurs qui pourraient affecter la qualité osseuse, dont certains étaient investigués pour la première fois (acides gras polyinsaturés Oméga-3 et Oméga-6, vitamine A, mercure, sélénium, plomb, molybdène, cobalt, zinc, nickel, cuivre, fer, iode, arsenic, et creatinine).

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