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Héberger des migrants ou gérer des logements ? : l'Aftam et ses "foyers d'Africains noirs" (1962-2012) / Hosting migrants or managing dwellings ? : Aftam and its “Black Africans’” hostels (1962-2012)Béguin, Hélène 13 February 2015 (has links)
Depuis le milieu des années 1990, les foyers de travailleurs migrants sont progressivement réhabilités dans le cadre d'un Plan de traitement national et transformés en résidences sociales, dispositif de logement d'insertion destiné aux personnes défavorisées. Au cœur de ces transformations qui tendent vers une banalisation des foyers, un objet cristallise les tensions : le « foyer africain » et ses modes de fonctionnement communautaires. Que recouvrent concrètement ces transformations ? Que nous disent-elles de la gestion politique des migrants isolés et du traitement du fait communautaire dans le contexte français ? Pour répondre à ces questions, la recherche est centrée sur un organisme gestionnaire historiquement spécialisé dans l'hébergement des migrants africains : l'Aftam. L'analyse repose sur trois types d'investigation : le premier porte sur les cadres nationaux de l'action publique à travers l'analyse des textes officiels et des discours des acteurs ; le deuxième s'inscrit dans une perspective socio-historique et cherche à retracer la genèse et la trajectoire de l'Aftam ainsi que de ses « foyers africains » ; le troisième repose sur l'observation ethnographique de quatre projets de restructuration de foyers Aftam et en particulier des scènes d'interaction entre résidents et acteurs institutionnels. Cette thèse montre que les modes de vie communautaires propres aux foyers hébergeant des migrants africains, décriés par les pouvoirs publics dans la période contemporaine, ont été construits dans le temps long et dans l'interaction entre les résidents et le gestionnaire, qui les a encouragés à l'origine puis tolérés jusqu'à la période récente. Aussi, la mise en œuvre du Plan de traitement au sein de l'Aftam donne à voir les contradictions de l'action publique et les hésitations du gestionnaire face aux modes de vie communautaires et aux pratiques culturelles spécifiques, en particulier religieuses, des migrants résidant en foyer. Entre traitement spécifique et droit commun, entre approche différentialiste et modèle universaliste, des conceptions idéologiques s'opposent dans les discours. Pour autant, la mise en œuvre de la transformation des foyers, vue à travers le prisme de l'Aftam, met en évidence des positions plus hybrides et plus pragmatiques, qui tendent vers un rapprochement du droit commun, sans jamais vraiment l'atteindre, et vers la tolérance, si ce n'est la reconnaissance, des pratiques communautaires et culturelles spécifiques. Mais cette tolérance s'acquiert généralement au prix de la construction d'un rapport de force entre résidents et institutions / Since the mid-1990s, a national program has been in place in order to renovate migrant workers' hostels (known as foyers), which were built in France mainly in the 1970s. Having been renovated, these hostels are used as “social residences”, a kind of supported and temporary accommodation for “vulnerable groups”. This transformation from hostels for migrant workers to social residences has distracted from the original purpose of providing accommodation to post-colonial immigrants by opening up these residences to non-immigrants as well. What constitutes these transformations and what do they signify? What do they tell us about policies towards migrant workers and ethnic communities in France? In order to address these questions, we have focused our research on a social landlord historically specialized in managing “Black Africans' hostels”: Aftam. The analysis draws from three types of qualitative approach : first, we have analysed the framework of national public policy using official documents and semi-structured interviews with key actors; second, we have investigated Aftam's archives in order to throw new light as the origin and history of this organization and its “Black Africans' hostels”; third, we have conducted ethnographic observation of the renovation project in four different hostels managed by Aftam, focusing on observing the interaction between migrants, representatives from Aftam and representatives from local authorities. This thesis demonstrates that community life, cultural practices and informal economic activities existing in Black Africans' hostels, which are condemned by many national institutions today, have developed through a long-term process, as a consequence both of the migrants living in the hostels and the landlord (Aftam) encouraging them to do so. Moreover, the implementation of renovation projects in Aftam's hostels emphasizes the contradictions of national public policy and also the hesitations of Aftam to address the demands of the communities in question, particularly concerning their cultural and religious practices. The actors involved in the transformation of migrant workers' hostels are from between the contrasting ideologies of multiculturalism and universalism. Nevertheless, the implementation of this policy by Aftam appears more pragmatic than ideological and the collective action of the migrant residents creates a power struggle with the institutions. Ultimately, this has led to a form of tolerance, rather than a total ignorance or absolute recognition of cultural, religious and ethnic minority practices
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La diaspora de la chambre 107 : ethnographie des pratiques musicales et dansées des Soninkés en Ile-de-France / Finding One’s Place through Music : an Ethnography from a Shelter for Migrant Workers to the Soninke DiasporaClouet, Claire 25 October 2018 (has links)
Les Soninkés sont originaires d'une région à la triple frontière entre le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Leur présence en France a été étudiée sous l'angle de la migration de travail, mais pas sous celui des pratiques culturelles et artistiques. Ma thèse vient questionner cette dimension inaperçue. L’enquête ethnographique commence dans les chambres standardisées d’un foyer de travailleurs migrants, lieu d’hébergement pour hommes. J’étudie d’abord de quelle manière les habitants du foyer manipulent l’espace sonore du bâtiment pour se l’approprier. Les musiques qu’ils écoutent et les vidéos de fêtes qu’ils regardent depuis leur smartphone signalent de nombreux lieux en Ile-de-France et en Afrique de l’Ouest autour desquels s’organise la diaspora soninkée. Afin de parcourir ces lieux comme ethnographe, j’intègre la troupe de danse Xhambane Kaffo, basée à Sarcelles. A la suite des danseuses et musiciens rencontrés dans la troupe, je me rends dans les salles des fêtes privées, les espaces culturels municipaux, les théâtres, où ils animent autant de mariages, de journées culturelles, de fêtes associatives ou d’élections de miss. Je me rends également à Bakel, au Sénégal, à rebours du parcours migratoire du directeur de la troupe, ainsi que dans la région du Guidimakha, en Mauritanie, auprès des familles des habitants du foyer. En prenant la musique en filature, ces déplacements me permettent d’étudier comment des hommes catégorisés comme migrants s’inscrivent dans des réseaux à la fois interpersonnels et transnationaux. Ni en France ni en Afrique de l’Ouest, la diaspora à laquelle ils participent n’a de lieu dédié, tel que le serait un centre culturel, mais elle est bel et bien située. / The Soninkes come from a borderland between Mali, Mauritania and Senegal. Their presence in France has been studied in terms of labour migration, but not as a cultural and artistic diaspora. My work concentrates on this unnoticed social dimension. The ethnographic survey begins in the standardised rooms of a Parisan shelter for migrant workers. First of all, I study how the shelter’s inhabitants, only men, shape their living space through sound. They live in confined spaces but the music they listen to and the videos they look at on their smartphones refer to a plethora of spaces in the Paris region and in West Africa. To explore these communities, I join a Soninké dance troupe called Xhambane Kaffo (We are all united in the same language) located in Sarcelles, a short drive north of Paris. Following the dancers and the musicians of this troupe, I go to reception halls, to municipal spaces, to theatres where they lead wedding parties, cultural days, association meetings and elections of diaspora queens. The survey moves then to West Africa : first to Dakar and Bakel, Senegal, following the artistic journey of the Xhambane Kaffo’s troupe director ; then to Mauritania, to meet the families of the Parisian migrant workers. Moving from one point to another allowed me to show how these men, categorized as migrants and single, sit within both a transnational and interpersonal social network. My work argues that if some cultural and artistic practices, such as the Soninkés’ diasporic encounters, are categorized as « invisible » in the urban area, it is because they are seen through a sedentary vision of space.
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