« Société, idéologie et espace esquissent le treillis thématique du présent projet de recherche; ces thèmes sont en quelque sorte les diagonales préfigurant notre perspective conceptuelle. Toutefois, ces traits ne sont pas de même densité. En fait, espace et idéologie sont, un peu à la façon de coordonnées géométriques, des axes qui permettront de localiser sur un plan spécifique la géographie et l'enseignement dont elle fait l'objet. Or ce plan spécifique ne saurait être que social. En effet, si espace et idéologie sont deux termes à mettre en évidence pour amorcer la résolution du problème conceptuel posé par «les leçons de géographie», ce sont là deux mises en évidence impossibles à résoudre, et par surcroît in-signifiantes, sans l'introduction d'un troisième terme dont le lieu est celui d'une incessante médiation tant matérielle que symbolique; ce troisième terme, c'est la société. Ces notions courantes dont on s'accommode fort bien dans les pratiques de la quotidienneté sollicitent, dans un contexte d'élucidation, une réflexion théorique; si l'on consent à qualifier de théorique le souci de minimiser les errements et égarements de sens. Car, en fait, la «théorie» ne participe-t-elle pas de ce travail par lequel on s'efforce, en affinant des notions courantes, de rendre un corps de concepts aussi opératoires que possible? L'élaboration conceptuelle n'est-elle pas cette distance parcourue par laquelle le terrain analytique se désencombre des évidences du sens commun? N'est-ce pas ainsi qu'une première aération critique s'effectue, amplifiée par la prise en compte judicieuse d'autres études empiriques et/ou critiques? Enfin, par ce travail, la préoccupation «d'organiser ses idées» ne devient-elle pas une exigence? Somme toute, la réflexion n'aura peut-être consisté ici qu'à souligner des choses toutes bêtes mais que l'on croit indispensables et urgentes quand il s'agit de débrouiller ce que société veut dire. »--pages 1-2