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Prémisses d'une théorie de la propriété

Mercier, Guy., Mercier, Guy 05 November 2024 (has links)
« La thèse s'inscrit dans la perspective d'une théorie de la propriété. Avant de s'engager dans une telle entreprise, il apparaît toutefois nécessaire d'éclaircir un point. En plus d'être concevable en termes théoriques, la propriété fait l'objet de prises de position d'ordre moral. En effet, saisie dans ses rapports au bien et au mal, la propriété suscite depuis toujours des discours justificateurs ou dénonciateurs. Etant donné cette double préoccupation - morale et théorique - au sujet de la propriété, il est légitime de se demander si la théorie dans ce contexte peut se démarquer de la morale. Est-il possible de construire une théorie de la propriété sans glisser vers une prise de position d'ordre éthique? La thèse a donc comme objectif de savoir si l'on peut distinguer, dans la réflexion sur la propriété, les catégories du vrai et du faux de celles du bien et du mal, et développer un discours exclusivement théorique. Si oui, comment faut-il procéder? Dans cette optique, la thèse procède d'abord à une critique des conceptions de la propriété chez Locke, Rousseau et Marx. Cette critique montre que ces trois auteurs ont des conceptions davantage morales que théoriques, que leur argumentation dénote une adhésion à une morale de la naturalité de l'homme. Cette «moralisation» s'opère lorsqu'ils établissent un lien nécessaire, présumément naturel, entre la propriété et la satisfaction des besoins individuels. Du coup, ils en viennent à soutenir que l'authentique propriété est celle qui consacre la liberté de l'individu de satisfaire ses besoins. A l'encontre de cette proposition, la thèse démontre qu'il n'y a pas de lien nécessaire, mais plutôt rupture, entre la propriété et la naturalité de l'homme. Car la propriété, en tant qu'attribut de l'état politique, est une instance qui prive l'homme de l'expression spontanée et entière de sa naturalité. Sur cette privation fondamentale, la propriété institue un droit de parole en définissant, pour chacun des sujets sociaux, une capacité politique (relative) d'agir sur le monde des choses. La propriété permet aux uns de s'adresser aux autres, de s'affirmer auprès d'eux, de leur dire non. A ce titre, la propriété comporte un enjeu moral car celui qui s'adresse ainsi aux autres devient responsable de ce qui leur arrive, de leur jouissance ou de leur privation des choses. Il s'avère donc que la théorie de la propriété, qui doit éviter d'être moralisatrice, ne peut éviter pour autant la question morale qui est au coeur même de la propriété. Autrement dit, la théorie de propriété implique une certaine théorisation de la morale. »--Page préliminaire

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