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Le "printemps" de la bande dessinée québécoise (1968-1975)Lemay, Sylvain 08 1900 (has links) (PDF)
Cette thèse s'intéresse à un moment charnière de l'histoire de la bande dessinée québécoise, moment que le discours critique a qualifié de « Printemps ». Cette appellation regroupe les productions réalisées par de jeunes auteurs entre 1968 et 1975. Le marché de la bande dessinée québécoise avait auparavant été monopolisé par les éditions Fides qui avaient publié des revues (Hérauts, François, Claire) entre 1940 et 1964 ainsi que de nombreux albums durant la décennie 1950. Suite au retrait du marché par cet éditeur au début des années 1960, un foisonnement de nouvelles publications allaient voir le jour à la fin de la décennie et au début de la suivante, ce que le théoricien Georges Raby allait qualifier de « Printemps » dans un texte publié dans la revue Culture vivante en 1971. Il identifiait alors les publications des membres du groupe du Chiendent comme l'élément déclencheur de ce mouvement. Le Chiendent regroupait trois illustrateurs provenant des Beaux-Arts, André Montpetit, Marc-Antoine Nadeau et Michel Fortier autour du poète Claude Haeffely. Les œuvres de ce quatuor, très modernes, contrastaient fortement avec la bande dessinée classique telle qu'elle s'était développée après la deuxième Guerre mondiale. Au même moment où ces auteurs débutaient leur carrière en tant qu'auteurs de bande dessinée, le médium lui-même connaissait de nombreux bouleversements et ce, tant au niveau de sa forme et de ses contenus que des conditions économiques et sociales qui le régulaient. Cette évolution n'était pas étrangère au contexte socio-politique qui prévalait alors. Tant au Québec qu'en Occident, la jeunesse, plus nombreuse, intégrait en masse des systèmes d'éducation qui allaient s'adapter à cette nouvelle clientèle plus ouverte aux innovations culturelles. Dans un article publié en 1975, Luc Boltanski identifiait cette période comme le début de l'autonomisation de la pratique de la bande dessinée, condition essentielle à l'avènement d'un champ culturel tel que défini par Pierre Bourdieu dans ses récents travaux. C'est à ce moment que se situent les débuts de la légitimation de la bande dessinée : exposition de planches dans des musées, travaux universitaires utilisant la bande dessinée comme objet d'étude, et un discours théorique qui s'intéresse au langage même et non plus uniquement aux méfaits que la lecture de cette littérature pouvait occasionner. Au Québec, si le discours théorique a toujours accordé une grande importance à ce « Printemps », nous constatons que cette période est largement méconnue et ce, autant de la part des gens du milieu de la bande dessinée que des théoriciens. Nous avons alors voulu mettre à jour ce pan important de notre littérature. Nous avons donc situé ce moment à l'intérieur de l'histoire du médium lui-même et, surtout, à l'intérieur de son histoire au Québec. Nous avons également esquissé les grandes lignes des bouleversements que connaissait alors le Québec et la place des jeunes dans la société puisque ce sont majoritairement eux les producteurs et les consommateurs de la bande dessinée durant ces années. Nous avons utilisé le concept de « champ littéraire » afin de rendre compte adéquatement des positions occupées par les différents intervenants dans les deux sphères de production de masse et de production restreinte. Par la suite, nous nous sommes intéressés à deux œuvres particulières : celle du groupe du Chiendent d'abord, puisque les membres de celui-ci apparaissaient comme les auteurs les plus influents de l'époque. Puis, nous avons analysé les récits de Réal Godbout, l'auteur le plus reconnu, 40 ans après le « Printemps » et qui amorçait alors sa carrière. Nous avons utilisé pour cette analyse les plus récents travaux des théoriciens Thierry Groensteen, Benoît Peeters et Scott McCloud afin de mettre à jour les particularités formelles et thématiques des œuvres étudiées.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Bande dessinée, Québec, printemps, groupe du Chiendent, Réal Godbout, champ littéraire
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