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L'esthétique du récit bref à la fin du moyen age : réécritures, marges et interférences / The aesthetic of the short narrative at the end of middle ages : rewriting, margins and interferencesMarchand, Céline 30 June 2014 (has links)
Les derniers siècles du moyen âge européen pourraient être surnommés ‘l'ère de la déconstruction.' aussi, les œuvres littéraires se caractérisent-elles par l'hybridation ou la contamination de traditions et de modèles différents. leur dissonance interpelle. l'impossibilité à les faire entrer dans un cadre de référence précis, la difficulté à les classer témoigne de cette particularité. nous aborderons la question du point de vue du récit bref, en explorant le champ diversifié, européen, de la nouvelle du xiiie au xvie siècle. les conditions culturelles et politiques (système de cours diffusant à partir d'un cadre géographique précis, déplacements des auteurs, échanges et créations entre lieux artistiques et culturels spécifiques, ritualisation des pratiques littéraires, radicalisation des formes poétiques fixes), tout conduit à adopter face à l' ‘objet' littéraire une approche à la fois rigoureuse et pragmatique. l'enjeu est de dépasser les habituels cadrages critiques. a cette fin nous programmons trois directions qui contribueront à mieux définir notre objet :1° normes littéraires et esthétiques : transformations et dépassements. les innovations, les interférences créent les conditions d'un changement d'approche de l'écriture du récit bref. héritières du fabliau et du lai, les nouvelles médiévales ne sont pas encore le produit fini d'une pratique littéraire. les expérimentations (boccace, chaucer, antoine de la sale, cent nouvelles nouvelles, evangile des quenouilles) sont des solutions de compromis entre des formulations encore hésitantes. la nouvelle ne se présente pas comme une réalisation uniforme : les textes circulent et sont modelés par des échanges entre des lieux de productions et de diffusions qui ont leur logique propre (bourgogne, anjou-provence, cités-états italiens…). c'est dans une perspective dynamique que nous nous attacherons à disséquer ces tâtonnements, à repérer des modèles unificateurs et des tensions avec des traditions locales ;2° inscription du sujet dans l'œuvre : qu'il s'agisse de productions savantes ou populaires, d'auteurs uniques ou de travaux collectifs, leur genèse est multiple et diversifiée et passe à chaque fois par une approche critique singulière. les différentes formes de récits brefs ne s'inscrivent pas dans les mêmes temporalités ni dans les mêmes espaces. dans cette exploration, se posera la question complexe de l'inscription du sujet dans la fiction. de boccace à antoine de la sale l'engagement est différent, les méthodes, les pratiques et les résultats diversifiés. d'autres paramètres peuvent rendre plus complexe l'approche critique. c'est le cas de l'evangile des quenouilles. ce recueil de nouvelles racontées oralement par des femmes subit l'empreinte cléricale au moment de la mise en forme, le récit est biaisé par une tradition écrite qui édulcore la parole originelle et la transforme. l'œuvre est ainsi le produit de plusieurs médiations qui renforcent la ‘problématicité' de la nouvelle en y ajoutant la question du ‘genre' (‘gender'). les relations de l'œuvre au réel en sont modifiées.3° la circulation des textes dans cette europe virtuelle soulève une question plus profondément philosophique relative à la crise des croyances à l'aube de la renaissance européenne : qu'il s'agisse des lieux communs, des poncifs de la théologie morale, de l'esprit d'ouverture de l'humanisme naissant ou de l'idée de réformation, les implications politiques et religieuses ne cessent de soulever un questionnement lancinant sur les enjeux des transformations des formes littéraires. la question est encore plus urgente pour la nouvelle. / At the end of the Middle Ages, literary works can be characterised by the hybridisation, or the contamination, of disparate traditions and models. Their dissonance is striking. The impossibility of shoehorning them into the same precise frame of reference and the difficulty in classifying them bears witness to this particularity.We will approach the question from the point of view of the short narrative, exploring the diversified, European domain of the novella from the 13th to the 16th century.The cultural and political conditions (system of knowledge diffusing from a precise geographical frame, authors’ movements, exchanges and collaborations between two specific artistic and cultural spaces, ritualisation of literary practices, radicalisation of fixed poetic form) all lead to applying both a rigorous and a pragmatic approach to the literary ‘object’. Our objective is to go beyond the habitual critical framework.Thus it is with this dynamic and pragmatic perspective that we will set about dissecting these experimentations, these still-hesitant formulae governed by the mutability of the medieval text, which drifts from one form to another. This is also the case for the short narrative that we see elsewhere in the ‘fabliau’, the ‘conte à rire’, the novel, and memoir. These transformations confront us with the choice of individualised approaches for each work, for the application of each short story will forever remain unique and unclassable. Is it not a reflection of a late-medieval society which is searching and has not yet found the definitive form for the expression of new aspirations? It is the only criterion which allows us to define the ‘style’ of the novella.
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