Cette étude qualitative, à la fois exploratoire et descriptive, s'intéresse aux aspects psychosociaux reliés au risque de passage à l'acte violent chez les personnes présentant des troubles concomitants de santé mentale et de toxicomanie. L'objectif principal de la recherche était d'identifier certains facteurs micro-sociaux (environnement social primaire) et macro-sociaux (idéologies et structures sociales) pouvant être associés au passage à l'acte violent chez cette clientèle. De plus, nous cherchions à identifier certains facteurs de protection face à la violence hétéroagressive. Enfin, l'étude nous a aussi permis d'explorer la perception qu'entretient cette clientèle face à la violence et face aux liens qui unissent les problèmes de trouble mental grave, de toxicomanie et de violence. Dans le cadre de cette étude, neuf hommes ayant des diagnostics de trouble mental grave (schizophrénie, psychoses apparentées ou trouble affectif bipolaire) ainsi que d'abus ou de dépendance aux substances psychoactives et ayant présenté des comportements violents dans l'année précédant l'entrevue de recherche ont été interrogés à partir d'un protocole d'entrevue semi-structurée. Les répondants sont tous des usagers de l'Unité de. service de psychiatrie et de toxicomanie du Centre hospitalier Robert-Giffard, un centre hospitalier psychiatrique de la région de Québec. Dans la présente recherche, les facteurs psychosociaux associés à la triade maladie mentale, toxicomanie et violence ont été abordés aux plans micro-social (l'isolement social, l'absence de soutien parental, la fréquentation de pairs déviants et les conflits et tensions avec les proches) et macro-social (les conditions résidentielles déficientes, un statut socioéconomique faible, l'exclusion économique, l'exclusion sociale et la désorganisation sociale). Par la suite, la perception des participants a été investiguée en ce qui a trait (A) aux facteurs de protection contre l'agir violent, (B) au concept de violence en général, (C) à leur(s) passage(s) à l'acte violent et (D) aux liens qui unissent les problèmes de santé mentale, de toxicomanie et de violence. Les résultats de l'étude démontrent que l'environnement social immédiat de la personne (groupe de pairs, famille, etc.) ainsi que le type de relation qu'elle entretient avec ce dernier par exemple, la difficulté à maintenir des liens sociaux ainsi que les conflits et les tensions avec autrui, sont à prendre en considération dans l'apparition des comportements violents chez cette clientèle. De plus, nous devons aussi considérer les structures sociales (marché du travail, organismes sociaux et communautaires, etc.) dans lesquelles évolue cette même personne. La perception qu'a cette clientèle quant à la violence et aux liens qui unissent les problèmes de santé mentale, de toxicomanie et de violence nous a permis de mettre en évidence certaines pistes de recherche et d'intervention à développer eu égard à ces difficultés.