Le travail d’accompagnement social et de réinstallation au Canada des réfugiés syriens depuis novembre 2015 a mobilisé les sensibilités professionnelles et culturelles des professionnels de la relation d’aide, les intervenants sociaux. Pris entre les injonctions institutionnelles de faciliter l’intégration des réfugiés et leur proximité culturelle avec ces derniers, les intervenants sociaux font face à des tensions. Il est pertinent dans ces conditions de s’interroger sur la représentation sociale que les intervenants sociaux se font des réfugiés, ce qui guide et oriente aussi leurs pratiques d’intervention sociale. Afin de répondre à cet objectif, cette étude qualitative, de perspective inductive, inspirée de la théorisation ancrée, adopte le cadre théorique des représentations sociales (Moscovici, 1961), et plus particulièrement l’approche socioanthropologique ou sociogénétique (Jodelet, 1989), croisé avec la théorie de l’identité sociale (Tajfel, 1972, 1974; Tajfel et Turner, 1986). Au travers de 15 entretiens individuels avec des intervenants sociaux, de participation aux activités d’accueil et d’intégration dans la région d’Ottawa et de 731 articles issus de deux journaux canadiens (Le Devoir, Ottawa Citizen), l’analyse thématique de contenu a identifié la transformation d’une représentation sociale du réfugié des intervenants sociaux. Nos résultats ont dévoilé une représentation sociale « duale » du réfugié qui d’une part revivifie le passé en matière de vulnérabilité, tout en accueillant, d’autre part, dans l’air du temps contemporain, la résilience.

Mémoire numérisé par la Division de la gestion de documents et des archives de l'Université de Montréal.

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