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Poétiques d’archipélité : désancrages géographiques et littéraires / Poetics of archipelity : geographical and litterary disanchoringDebibakas, Audrey 22 October 2015 (has links)
Le corpus interroge des œuvres désancrées, décentrées, mouvantes : loin d’être des unités séparées et indépendantes, les romans quoique singuliers entre en relation les uns avec les autres sur le plan thématique narratif. On peut donc identifier un univers romanesque, à la fois spécifique et commun. Les romans rayonnent à partir d’un lieu et d’une histoire commune et s’articulent autour de trois îles créant une véritable géographie scripturale : trois romans, trois îles de la Caraïbe, trois auteurs. L’archipel géographique comme l’archipel littéraire apparaissent comme le résultat d’une géographie malléable et/ou d’une écriture sans limite. L’espace dessiné et l’œuvre sont en perpétuelle construction. L’archipélité géographique mais aussi littéraire est, dans cette étude, à percevoir comme une façon de retrouver et rassembler les morceaux d’histoires, de mémoires. La Traite est proprement un « parler indicible » et ne donne lieu à aucun récit. C’est donc sur ce fond d’absence de mythe et d’épopées que s’inscrivent les œuvres du corpus. Elles tentent de retranscrire également la dimension lacunaire fragmentée, mettant en avant une pensée du vide, de l’absence, de l’indicible et de l’ineffable. Le « non-monde » initial laisse la place à l’émergence d’un nouveau lieu digénique narratif. Il s’agit d’une dématérialisation du lieu géographique dans l’espace narratif. Le lien archipélique retranscrit l’indicible et l’invisible des mémoires et des histoires oubliées par l’acte d’écriture. Non contente d’en décrire la vacance, les romans transforment la béance géographique, historique et mémorielle en atout littéraire et poétique. Ce qui était une carence pourrait s’avérer aujourd’hui un atout pour la pensée et, paradoxalement pour la création littéraire. / The body of texts examined in this study deals with disanchored, decentred, shifting literary works. Far from being separate and independent units, the novels, though singular, are constantly overlapping in terms of narrative themes. Therefore we can identify a fictional landscape that is both specific and common. The novels take pride of place from within a common history and focus on three islands, thereby creating a real scriptural geography. Three novels, three Caribbean islands and three authors are under consideration. The geographical archipelity and the literary one appear to be the result of a malleable geography and/or of a boundless creativity. The designated space and the works are in perpetual construction. In this study, both the geographical and literary archipelagos are conceptualized as a way to identify and bring together small portions of history and memories. The slave trade is a truly “unspeakable language” which does not provide any narrative. Against the backdrop of an absence of epic tales and myths, the texts that are considered for study have been highlighted. They are seeking to reproduce the fragmented and incomplete nature of life, thereby emphasizing the importance of nothingness, absence, the unspeakable and the ineffable. The initial “non-world” evolves into an emerging new digenic narrative space. Hence a geographical dematerialization within the narrative. The archipelago itself reproduces the unspeakable and invisible memories that are related to forgotten stories. Thus, the novels are not only describing geographical and historical nothingness, they are also transforming it into an asset for literature and poetry. What was once considered a fundamental flaw has become an asset for literary and creative thought.
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