La question de l'influence de l'environnement social et physique sur le développement mental a pris une ampleur tell e dans le monde de l'éducation que l'intérêt pour les recherches portant sur la transmission génétique de certaines capacités s'est quelque peu résorbé au profit des recherches inter culturelles. Cet intérêt est d'autant plus actuel que l'on trouve une proportion croissante de sujets scolarisé s dans les divers milieux culturels, ainsi qu'une croissance économique rapide de populations qui voient en l'éducation un instrument pouvant accélérer le développement social. Le manque de systématisation des méthodes et des instruments employés pour l'évaluation des ressources actuelle s et potentielle s des sujets ont conduit à des divergences notoires d'interprétation dans plusieurs des investigations inter culturelles. Cependant, depuis quelques années, le champ des recherches inter culturelle s s'élargissant, nous assistons à l'éclosion de méthodes de recherche diverses. Certaines reposent sur la théorie opératoire de Jean Piaget. Ce rapprochement entre étude interculturelle et recherche développementale s'explique par le fait que la caractéristique de la théorie piagétienne réside dans la formulation explicit e de l'intelligence humaine comme étant une forme particulière des processus d'adaptation. Cette position développementale se prête donc aisément aux exigences des recherches interculturelles puisqu'elle implique à la fois l'intégration dynamique du bagage culturel comme étant une influence possible sur les modalités de structuration et de fonctionnement intellectuel, avec un accent mis sur les processus fondamentaux de la cognition plutôt que simplement sur des attitudes acquises dans une société. Le problème des influences écologico-culturelles est crucial, surtout pour les enseignants qui doivent inventer des stratégies pédagogiques appropriées à l'individu et au groupe culturel auquel il se rattache, ceci afin de permettre aux différents sujets d'actualiser au mieux leur compétence. Les nombreuses recherches effectuées sous l'égide de l'école de Genève ont mis en lumière les activités cognitives de l'enfant. La construction de la notion de proportionnalité constitue une de ces activités. Celle-ci peut être identifiée comme étant une notion de niveau opératoire formel, eu égard à la qualité de son achèvement qui implique le système de double opération. Le développement de la notion de proportion peut être étudié avec avantage à partir de problèmes concrets faisant intervenir des comparaisons de rapports en dehors d'un contexte scolaire. A l'Université Laval, à Québec, Gérald Noelting a mis au point des épreuves collectives portant sur la proportionnalité: les épreuves de "Concentrations" et de "Partage". Ces deux épreuves ont été expérimentées avec divers groupes de sujets et les résultats sont consignés dans différents rapports, publications et thèses. Le présent travail veut faire de ces épreuves opératoires, par une modification dans la présentation du problème en jeu, un instrument utile pour des comparaisons interculturelles et un outil pour l'élaboration possible d'une didactique portant sur la notion de proportion. Cette problématique s'inscrit dans l'approche développementale piagétienne et rejoint les préoccupations actuelles quant au besoin d'étudier les variantes du développement cognitif dans différents contextes socio-culturels. L'étude présentée ici porte sur la passation des épreuves des Concentrations et du Partage, en sixième année académique, dans divers milieux socio-culturels. Nous avons analysé les résultats tant du point de vue qualitatif que quantitatif, dans le but de constituer un répertoire des processus de raisonnement des sujets provenant de ces milieux et d'identifier ainsi le niveau atteint. En tentant de cerner quelques facteurs sous-jacents à la croissance intellectuelle et en clarifiant certaines variables pouvant colorer ladite croissance, nous croyons que cette recherche peut amener une contribution utile à la pédagogie dans différents milieux socio-culturels. Nous débuterons par un aperçu historique du problème dans sa dimension tant interculturelle que cognitive ainsi que par la formulation de nos hypothèses de recherche. Dans un deuxième chapitre, nous décrirons l'expérience. Les troisième et quatrième chapitres seront respectivement consacrés à l'analyse quantitative et qualitative des résultats, dont les discussions et conclusions seront présentées dans le dernier chapitre. Une copie des épreuves utilisées est insérée en appendice. / Québec Université Laval, Bibliothèque 2014