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Appréhension estudiantine d'une controverse sociotechnique et rapport aux experts scientifiques : une étude de casPouliot, Chantal 12 April 2018 (has links)
Cette thèse s'ancre dans un projet de recherche subventionné par le Conseil de la recherche en sciences humaines (CRSH) qui a invité des jeunes de deux cégeps de la région de Québec inscrits au programme de sciences de la nature à s'engager dans l'investigation des controverses sociotechniques (Fountain, Désautels, Larochelle et Daignault, 2002). Nous avons suivi pas à pas, à raison d'environ trois heures par semaine pendant un semestre, deux groupes de trois étudiants (et parfois six). Nous documentons, dans l'ordre des préoccupations d'alphabétisation technoscientifique entretenues dans le champ de l'éducation aux sciences, la façon dont le groupe engagé dans l'investigation de la controverse autour de la téléphonie cellulaire 1) décrit l'objet, le cours et la gestion de la controverse, 2) fait jouer les acteurs scientifiques, industriels, gouvernementaux et citoyens concernés, 3) décrit son parcours (avorté) vers la réalisation d'une expérimentation qui illustre les effets physiologiques des ondes émises par les téléphones cellulaires et, enfin, 4) décrit les relations qu'il entretient avec les personnes qu'il considère être des experts scientifiques (en l'occurrence des chercheurs et un médecin). Nous avons privilégié, pour mener cette analyse de cas (Stake, 1995), une production des données inspirée de l'approche ethnographique (enregistrements sur bande sonore des interactions spontanées et entretiens informels, tenue d'un journal de terrain, récolte de productions écrites estudiantines). L'analyse des descriptions, effectuée à partir des outils proposés par Jonathan Potter (1996), a été menée au regard d'un cadre théorique structuré par une conception de la cognition située et distribuée, une conception socioconstructiviste de la production des savoirs (et des controverses sociotechniques), une conception du langage actionnel et dialogique et une conception du rapport aux personnes estimées être des experts scientifiques issue de celle de rapport au savoir définie par Chariot (1997). L'analyse, effectuée à partir des outils proposés par Potter (1996), montre que c'est un cadrage délégatif de la controverse (Callon et al, 2001) qu'effectue le groupe en procédant à une attribution asymétrique de rôles aux acteurs scientifiques, industriels, citoyens et gouvernementaux eu égard au cours et à la gestion de la controverse. L'analyse illustre également que si le groupe esquisse, dans le contexte scolaire de son investigation de la controverse, un rapport d'intimidation aux personnes qu'elle estime être des experts scientifiques, il est, en revanche, tout à fait apte à se prononcer sur la définition de ce qui fait problème, sur la constitution des collectifs de recherche et les modalités protocolaires de la recherche et sur le rayonnement des savoirs produits. On peut penser, en ce sens, que malgré un rapport d'intimidation aux personnes qu'il considère être des experts scientifiques, le groupe d'étudiants serait en mesure de s'engager dans les débats relatifs aux controverses actuelles (et futures) et pourrait, plus particulièrement, participer au processus de la production des savoirs légitimes, selon l'expression de Callon et al. (2001).
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