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Les fuyards font les histoires : l'architecture utopique renversée comme modèle structural du récit d'évasionBillequey, Marie-Dominique January 2010 (has links)
Le raisonnement de ce mémoire se déploie dans l'espace insidieux qu'est la prison, et prend la mesure de sa puissance architecturale et de son influence manifeste sur le récit. Organisé sur les principes d'une pensée unique et totalitaire où la surveillance, la négation de l'individu et le pouvoir hiérarchique en sont les diktats, l'espace carcéral sert d'outil de destruction de la pulsion individuelle. La surveillance omnisciente scrute l'individu pour en extraire la déviance; le collectif agit donc sur l'unique pour anéantir la différence. Parallèlement, les régimes concentrationnaires se sont largement inspirés de l'architecture carcérale - ou est-ce l'inverse? - pour créer une structure sociale omnisciente et asphyxiante qui détruit la figure de l'insoumis et l'individualité au nom d'un bonheur massif . Ce type d'organisation sociale de l'espace où chacun est scruté, aliéné, simplifie les individus, efface leur tempérament, les rend non-humains, pour former une sorte de masse informe, incapable de confronter ou de combattre une autorité. Ainsi, le discours ne pourra jamais atteindre la narration et demeurera descriptif et anticipé, car n'est-ce pas la différence , le déséquilibre qui fait le récit ? Dès lors, si l'architecture panoptique, voire utopique, rend impossible le déséquilibre et bloque l'accès à l'axe du désir du schéma de Greimas, force est de constater qu'aucune histoire n'existera, aucun trajet narratif, d'un point A à un point B, ne sera possible. L'utopie de la construction carcérale serait a-narrative; la transgression permettrait l'histoire et la figure de l'évadé prendra alors toute son importance narrative.
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