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L'éducation des filles chez les romancières au siècle des Lumières

Miech, Stéphanie 16 November 2007 (has links)
La réflexion que mènent les Lumières avec enthousiasme sur la société et leur constat de la dégradation des moeurs les conduisent à s'interroger sur l'éducation, et plus particulièrement sur celle des filles, ces futures mères qui formeraient les hommes d'une société nouvelle. En marge des discours, les femmes s'emparent d'une question qui leur tient particulièrement à coeur, et voient, dans la création romanesque un formidable outil pour exprimer leurs critiques, leurs théories et leur idéal, mais aussi leurs espoirs déçus, leurs rêves inassouvis et leurs griefs contre les hommes et contre une société qu'elles jugent injuste dans le traitement inégal qu'elle réserve aux deux sexes. Leur réflexion sur l'éducation et sur le rôle et la place de la femme dans la société trouve un appui solide chez les philosophes et les théoriciens de l'éducation : saint François de Sales, Fénelon, Mme de Maintenon, Mme de Lambert, et plus tard Rousseau et les philosophes vinrent nourrir leurs idées qui s'enrichissent encore des débats qui animent les salons dont elles sont souvent les dignes animatrices. Les héroïnes des contes, nouvelles, romans qu'elles imaginent sont nourries de l'idéal classique, et, progressivement à l'ensemble des vertus d'une morale chrétienne teintée de stoïcisme elles joignent des faiblesses qui les rendent plus humaines. Tout au long du siècle et au-delà, nombre d'entre elles se distinguent par leur héroïsme et leur volontarisme : actives et énergiques, elles luttent efficacement contre l'adversité et prennent en main leur destin avec courage. Vers la fin du siècle, les femmes auteurs s'interrogent sur la morale du devoir, et réclament une morale plus humaine. La question du mariage constitue un thème de choix qui permet aux romancières d'exposer leur vision de l'amour, et sert de tremplin à une critique des moeurs qui font de la jeune fille un objet de marchandise, et de la femme une mineure démunie de droits et de biens dans l'adversité. Toutefois, le féminisme des romancières reste teinté d'ambiguïté et se révèle encore timide. Soumises au poids des bienséances et de l'opinion, imprégnées par la morale chrétienne, et plus tard déçues par la Révolution et ce qu'elles en attendent pour leur sexe, elles souhaitent plus d'égalité entre les hommes et les femmes, des relations appaisées dans le couple et un respect de leur personne. En fait de féminisme, elles se replient, pour se défendre contre les méfaits masculins, sur une solidarité féminine qui constitue une marque originale dans la littérature romanesque des Lumières. / The ardent reflections of the Age of Enlightenment writers leads them to an awareness of the decline in the moral standards of their contemporary society and thence to an inquiring look at the educational system. They are particularly concerned with the education of girls, the future mothers who would be bringing up and educating the men of the new generation. On the fringe of the debate, women authors are also grappling with a problem they are especially concerned about and they realize that the novel is a tremendously effective means of expressing their criticisms, theories and ideals dashed hopes, unfulfilled dreams and grievances towards men and society whose treatment of women is so unfair. Their reflections on education, on the role and place of women in society, are vigorously supported by such philosophers and theorists as Saint François de Sales, Fénelon, Mme de Maintenon, Mme de Lambert and, later on, by Rousseau and other philosophers who find food for thought during the enriching discussions that take place in the salons the Age of Enlightenment women writers so competently hold. The heroines of their tales, short stories and novels are nurtured on the principles of the classical ideal but, little by little, to these embodiments of Christian virtues tinged with stoicism, they introduce weakness that make them more human. Throughout the century and beyond many will be renowned for their herosim and determination : they are active and energetic, fight successfully against adversity and courageously take their lives in hand. Towards the end of the century, women authors are pondering over the ethics of duty and demand a more humane moral doctrine in society. Marriage is a choice theme that enables them to expose their vision of love and serves as a framework for their criticisms of a society in which young girls are considered as objects and women as second-rate citizens without rights or belongings in adversity. However, the novelists' feminism remains ambiguous and timid. The authors are subjected to the rules of etiquette and public opinion that is imbued with Christian morality and will later be disappointed by the Revolution and its promises to their sex ; they dream of more social equality, calm relationships between man and wife and of respect for themselves. Their feminism, their defence against male misconduct, rely on feminine solidarity which is the distinctive hallmark of the fictional literature of the Age of Enlightenment.

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