Une revue de la littérature nous permet de mettre en évidence des facteurs sociaux, économiques, culturels, psychiatriques, épidémiologiques, psychodynamiques et intergénérationnels associés au passage à l'acte infanticide. Cependant, ces facteurs sont considérés indépendamment les uns des autres et sont répandus dans la population, sans mener à l'infanticide : ils ne peuvent donc pas être appréhendés comme étant des facteurs de risque de passage à l'acte. Cette recherche vise donc à proposer un modèle de causalité pluridimensionnel de ces meurtres d'enfants. Nous avons dans un premier temps développé une méthodologie qualitative puis une approche comparative, dans un second temps, est apparue indispensable. Nous avons comparé les facteurs et processus en jeu dans le passage à l'acte meurtrier avec un autre sous groupe psychopathologique, des femmes incarcérées pour violences sexuelles sur leur(s) enfant(s), et avec un groupe témoin. Cette approche comparative s'inscrit dans une démarche inductive, à partir des éléments mis en évidence au sein de la population d'étude. Les analyses cliniques ont mis en évidence un certain nombre de facteurs en jeu dans lepassage à l'acte filicide mais ne peuvent pas constituer des facteurs de risques ou de protection d'un passage à l'acte meurtrier à eux seuls. Les approches omparatives ont permis de dessiner un modèle de causalité pluridimensionnel en jeu dans les passages à l'acte filicide : des tableaux cliniques de population à risque VS protégée de passage à l'acte filicide sont proposés en conclusion. / Thanks to a literary review we can highlight social, economic, cultural, psychiatric,epidemiological, psychodynamic and intergenerational factors connected to the committing childmurder. However these factors are considered separately and are widespread in the population without leading to infanticide and that's why they can't be considered as risk factors inducing its perpretation. This survey aims at proposing a multidimensional pattern of causality of these child murders.First, we developed a qualitative methodology but, subsequently a comparative approach seemed absolutely necessary. We compared the factors and the process at stake considering the perpretation of child murder with another psychopathological subgroup composed of women emprisoned for sexual assaults on their children and with a reference group.This comparative approach lies within the scope of inductive processes, starting from the elements spotted among the test population. The clinical analyses revealed some of the factors at stake in the carrying out of child murder but they can't be considered as risk factors or factors leading to murder for themselves. The comparative studies let us sketch a multidimensional causality pattern involved in child murdering: clinical charts comparing populations at risk and protected populations can be consulted at the end of this survey.

La mise à mort de l'enfant ne peut être appréhendée en dehors des liens de parenté ou des codes moraux en vigueur dans une société donnée. Elle ne va pas, non plus, sans la compréhension du statut et de la place accordée à l'enfant ou sans la représentation de la personne au sein d'une communauté donnée. Afin d'aborder la question de l'infanticide (en tant qu'acte moralement et pénalement répréhensible), il nous semblait incontournable de nous pencher sur l'intrication des enjeux individuels et sociaux entourant l'acte. L'île Maurice nous a servi d'exemple pour notre étude au regard du phénomène d'infanticide qui s'y donne de plus en plus à voir. Nos observations nous ont amenés à constater que l'infanticide semble se révéler - sur un plan intrapsychique -, l'effet d'un déplacement pour la mère, sous-tendu par l'impératif « c'est lui ou c'est moi » ; en outre, le déplacement se dessinerait à un niveau plus large puisqu'il pourrait concerner aussi le contexte sociétal. Le meurtre d'enfant serait, dès lors, à saisir comme une régulation à la fois intime et sociale, sous-tendue par un déplacement des enjeux conflictuels. Les positions maternelles autour des morts d'enfants seraient ainsi à comprendre comme étant en conformité avec les attentes implicites de la société locale et de ses « microsphères ». L'effectivité de la sanction est traitée et notamment la problématique question du déni chez les femmes incarcérées à la suite du meurtre de leur enfant. Ces thèmes nous conduisent à aborder la différence entre la responsabilité pénale et la responsabilisation des sujets, et la nécessité d'un accompagnement répondant à des visées thérapeutiques et de responsabilisation