Le but de la présente étude est de mieux comprendre le mode opératoire des entraîneurs ayant commis des abus sexuels en contexte sportif. Pour ce faire, le premier objectif est de décrire les stratégies précisément utilisées comme mode opératoire par les entraîneurs. Quant au second objectif, il vise à décrire l'influence de certains facteurs individuels et situationnels (sexe de la victime, niveau sportif et année du premier abus sexuel commis par l'entraîneur) sur les stratégies employées par les entraîneurs pour commettre les abus. Une grille de codification a été développée en se basant sur des travaux en sciences du sport et en criminologie portant sur les abus sexuels et le mode opératoire. Cette dernière a servi d'outil pour identifier les données pertinentes à l'étude comprises dans des jugements de Cour et des articles journalistiques au sujet de 120 entraîneurs ayant commis des abus sexuels en contexte sportif. Des analyses descriptives ainsi que des chi carrés ont été effectuées pour décrire les stratégies du mode opératoire des entraîneurs et pour déterminer s'il existe une association statistique entre certaines stratégies du mode opératoire et certaines variables individuelles et contextuelles. Les résultats montrent qu'en général, les entraîneurs gagnent la confiance de l'athlète en devenant ami avec celui-ci, n'emploient pas de stratégies pour exercer un contrôle ou développer une dépendance, emmènent l'athlète dans des endroits isolés autres que sur les lieux d'entraînement et à leur domicile, passent graduellement de touchers non sexuels à des touchers sexuels et n'emploient pas de stratégies en particulier par maintenir le silence. Les entraîneurs qui commettent des abus sexuels à l'endroit d'athlètes féminines emploient davantage des stratégies en lien avec la séduction (p. ex., déclaration d'amour) alors que ceux qui commettent ces gestes à l'égard de victimes masculines profitent du sommeil de l'athlète ou intègrent les abus pendant un jeu. Les entraîneurs de niveaux élites sont plus susceptibles d'employer des stratégies pour exercer un contrôle et développer une dépendance que ceux de niveaux non-élites. Les résultats indiquent aussi qu'un certain changement de stratégie semble s'être effectué avec le temps : les entraîneurs ayant commis leur premier abus avant 2000 ont attendu de passer une nuit avec leur athlète dans le but de l'isoler. Ceux ayant commis leur premier abus en 2000 ou après avaient davantage échangé du matériel sexuellement explicite avec leur athlète. Il s'agit de la première étude qui fournit des données sur les stratégies précisément employées par plusieurs entraîneurs pendant toutes les étapes des abus et qui montre que le sexe de la victime, le niveau sportif et l'année au premier abus sexuel ont une influence sur ces stratégies. / The purpose of this study is to explore the modus operandi of coaches who have committed sexual abuse in sport settings. The first objective is to describe the specific modus operandi strategies used by coaches. The second objective is to describe the influence of specific individual and situational factors (gender of the victim, sport level and year of the first sexual abuse committed by the coach) on the strategies used to commit the abuse. A coding grid was developed based on previous work in sport sciences and criminology on sexual abuse and modus operandi. This was used as a tool to identify data relevant to the study from court judgments and newspaper articles about 120 coaches who had committed sexual abuse in sport. Descriptive and chi-square analyses were conducted to describe the coaches' modus operandi strategies and to determine if there were statistical associations between modus operandi strategies and certain individual and contextual variables. Results showed that coaches generally gained the athlete's trust by becoming friends with the athlete, did not employ strategies to exert control or develop dependency, took the athlete to isolated locations other than training sites and their homes, gradually moved from non-sexual to sexual touching, and did not employ any strategies to maintain silence. Strategies related to seduction (e.g., declarations of love), were more frequently used by coaches who sexually abuse female athletes while strategies such as taking advantage of the athlete's sleep or incorporating the abuse into a game were more likely to be used by those who sexually abused male victims. Strategies to exert control and develop dependency were statistically associated with elite coaches. Coaches who perpetrated their first offence in 2000 or later were more likely to have exchanged sexually explicit material with their athlete. This is the first study to provide data on the specific strategies employed by multiple coaches during all stages of abuse and to demonstrate the influence of victims' gender, sport level, and year of first sexual abuse on these strategies.