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Lire le mal. Valeurs d’usage de la mystique pour le repérage d’une langue du mal chez Bataille et Bernanos. / Reading evil. On the uses of mysticism to reveal a language of evil in the works of Bataille and Bernanos.Lacoste, Sarah 30 November 2012 (has links)
Les œuvres de Bataille et de Bernanos donnent à lire l’inscription d’une langue du mal ayant son propre fonctionnement, qui coexiste avec le sens littéral des textes sans pourtant être en concurrence avec lui. Elle prend sens dans l’acte de lecture : le mal est un possible dans les textes, qui n’est actualisé que par le lecteur. Mais cette lecture herméneutique est elle-même le produit des œuvres : tout se passe comme si les textes formaient le lecteur à déchiffrer un sens en surimpression. Or, pour appréhender la spécificité de cette « langue étrangère » dans les textes, un relais s’imposait. Nous convoquons ainsi la question mystique comme une passerelle pour relier Bataille et Bernanos, et comme un levier herméneutique pour lire la langue du mal. Ce repérage prend la forme d’un cheminement mystique, passant par différentes étapes : la compassion (l’intériorisation du mal), la nuit obscure (de l’indéchiffrable à la réversibilité), l’imitation (qui est aussi une recomposition), et enfin l’extase (lumières du mal). Après le repérage de certaines représentations du mal associées à des pratiques stylistiques récurrentes, la nuit obscure apparaît comme un temps nécessaire d’indétermination, lequel conduit à une négativité productrice : ces deux premiers temps contribuent à isoler le mal comme un objet linguistique, permettant alors de nous en saisir. Cette langue fonctionne selon certains procédés idiosyncrasiques rassemblés autour de la notion de rebroussement : l’alliance des contraires, les mots leviers, les mots corps. Nous proposons pour terminer d’ébaucher une forme d’œuvre imaginaire, nourrie de certains dialogues entre les personnages de Bataille et ceux de Bernanos. De manière plus large, cette entreprise nous fait voir ce que la littérature doit au mal : la langue du mal, c’est, d’une certaine façon, la tension qui correspond toute littérature. / The works of Bataille and Bernanos are pregnant with a language of evil, which has a system of its own and coexists (yet does not compete) with the literal meaning of the texts. It takes its meaning from the act of reading: the texts contain the possibility of evil, which is actualised only by the reader. However, this hermeneutic reading is, in itself, the product of the works: to some extent, the text itself teaches the reader to decipher the meaning. In order to grasp the specificity of this “foreign language”, a form of mediation is necessary. Mysticism acts as a bridge between Bataille and Bernanos, and as a hermeneutic tool to read this language of evil. This identification takes the form of a mystical journey in several steps: compassion (the internalisation of evil), the dark night (from the indecipherable to reversibility), imitation (which is tantamount to a re composition), and ecstasy (the lights of evil). After the identification of some representations of evil associated with recurring stylistic devices, the dark night appears to be a necessary time of indeterminacy, which leads to a form of creative negativity: those first two steps contribute to the identification of evil as a linguistic object, that the reader can get hold of. This language pertains to a number of idiosyncratic devices gathered around the notion of “rebroussement”: the alliance of opposites, lever words, body words. Ultimately, this thesis advocates the elaboration of an imaginary work, through dialogues between Bataille’s and Bernanos’s characters.
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