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Mers Intérieures : Chateaubriand, la mer, et les Mémoires d’outre-tombe / Interior Seas : Chateaubriand, the sea, and the Memoirs from Beyond the GraveGirault-Fruet, Arlette 12 October 2018 (has links)
La mer a d’abord été un espace géographique bien réel dans la vie de Chateaubriand, l’immense champ libre accordé à son enfance. En ouvrant le monde grand large devant son regard, la mer autorisait une manière singulière d’en prendre possession. L’auteur des Mémoires d’outre-tombe se revendique navigateur, découvreur, voyageur. Il utilise spontanément le vocabulaire des matelots. Pourtant, il n’a vécu au bord de la mer que sept années pendant l’enfance, n’a effectué ensuite que des escales brèves, sous des cieux étrangers. Il se réfère malgré tout à la mer à chaque instant, la réinstalle sans cesse dans un texte avec lequel d’innombrables correspondances finissent par s’établir. L’écriture elle-même épouse le rythme de la mer, ses harmonies variables. On croit toujours entendre au loin comme le roulement des vagues, comme le bruit du ressac. Tout se passe comme si la sensibilité et l’imagination de l’écrivain, demeurées marquées par une sorte de paysage originel, lisaient le monde à travers un filtre, et lui conféraient instinctivement les teintes, les arrière-plans propres aux rivages quittés. Chateaubriand se demandait avec anxiété si les Mémoires resteraient lisibles à la postérité. Mais l’écriture et la mer renvoient à une même conception de l’éternité : elles écrivent en lettres temporaires des chants qui durent toujours / The sea was first a real geographical space in Chateaubriand’s life, the boundless playing field of his childhood. By unfurling the world at large under his gaze, the sea provided him with a singular mode of appropriating it. The author of the Mémoires d’outre-tombe claimed for himself the status of seaman, discoverer, and traveller. The maritime lexicon comes to him spontaneously. While he only spent seven years of his childhood by the sea, then subsequently stopped but briefly in foreign port of calls, he keeps on referring time and again to the sea, and incessantly reinstates it in his texts, thus elaborating a rich netwwork of echoes. His very style evokes the rhythm of the sea and its ever-changing harmonics. The reader always seems to hear resounding waves and backwash in the distance. It is as if the writer’s sensibility and imagination, bearing the stamp of a foundational landscape, had him perceive the world through the shades and against the backdrops peculiar to the shores he left. Chateaubriand anxiously wondered whether the Mémoires would remain readable to his posterity. But writing and the sea conjure up the same idea of eternity : they write in labile script everlasting songs
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