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Autour de l’île d’Ezo : évolution des rapports de domination septentrionale et des relations avec l’étranger au Japon, des origines au 19ème siècle / From Barbaric Fringe to Northern Gate : Power Struggles, Foreign Relations and Scholars’ Debates on Ezo from the Heian period to the turn of the 19th-CenturyGodefroy, Noémi 23 November 2013 (has links)
Dès l’Antiquité japonaise, le référentiel dans lequel s’inscrivent les rapports avec l’étranger est concentrique ; autour d’une arborescence centrale d’où rayonne la civilisation gravitent des périphéries incultes dont le degré de barbarie est proportionnel à la distance les séparant de celle-Ci. Cette vision antagoniste, inspirée de la Chine, évolue pour devenir, à la fin du 15ème siècle, un « paradigme dichotomique du civilisé et du barbare à la japonaise » (nihon gata ka.i chitsujo). Une étude approfondie des rapports de domination dans le septentrion japonais nous révèle que, par la suite, malgré les deux siècles et demi d’ouverture sélective qui valent au Japon d’être qualifié de « pays verrouillé » (sakoku), cette figure du barbare effectue un glissement temporel, technique et géographique. Le barbare n’est plus un être à peine humain, souillé et arriéré, peuplant des marges périphériques contigües et qu’il faut soumettre, ni même un « barbare apprivoisé » dont l’altérité est mise en scène à des fins de domination. Au tournant du 19ème siècle, du fait de la présence grandissante des Russes à la frontière septentrionale, le barbare est devenu un adversaire potentiel dangereux, possédant une avance technologique à imiter, qui doit être maintenu à distance (jô.i). Le statut d’Ezo n’est plus celui d’antimonde, ou de terres incultes et vides, mais celui d’un territoire qu’il faut développer et protéger. Incarnée par ces métamorphoses et illustrée par les traités des lettrés prônant une défense maritime adéquate (kaibô-Ron), un développement agricole (kaitaku-Ron), une ouverture commerciale (kaikoku-Ron) ou un « pays prospère et une armée forte » à la fin du 18ème siècle, la première étape de transition entre fermeture et ouverture du Japon a pour origine l’influence de ces derniers dans les décisions concernant les relations avec l’étranger, accompagnée d’une transvaluation éthique qui transfère progressivement la vertu du sakoku (protection de la population contre le prosélytisme chrétien et protectionnisme commercial) au kaikoku (protection du peuple contre les agressions extérieures et contre la famine). / After the 5th century, Japanese relations with foreign entities fit in a multi-Layered concentric distinction between a central arborescence radiating civilization and uncultivated outer fringes gravitating around it, whose barbaric quality increases according to their distance from it. This oppositional vision, inspired by the antique Chinese world-Order, gradually evolves into a dichotomous paradigm, often referred to as "Japanese middle kingdom ideology" (nihon gata ka.i chitsujo) at the end of the 15th century. A thorough study of the power struggles in the Japanese north reveals that despite two and a half centuries of selective foreign relations which earn Japan its reputation as a "locked-Up country" (sakoku), the barbaric figure shifts in terms of time, space and technical abilities. The barbarian is no longer viewed as a barely human entity, impure and underdeveloped, inhabiting peripheral contiguous fringes, who must be subdued, or even a "tamed barbarian" whose otherness is staged to legitimate domination over him. At the turn of the 19th century, due to an increasing Russian presence at its northern border, the barbarian has become a potentially dangerous yet worthy adversary, technologically advanced, who needs to be kept at bay (jô.i). Ezo's status is no longer that of a netherworld, or of a vast and empty wasteland, but that of a territory worth developing and protecting. Embodied by such shifts and treaties written by scholars advocating an adequate maritime defense (kaibô-Ron), agricultural development (kaitaku-Ron), the opening of foreign commercial relations (kaikoku-Ron) or "a prosperous country and a powerful army" at the end of the 18th century, the first stage in the transition from a closed to an open Japan stems from their influence on the decisions regarding foreign relations, as well as an ethical transvaluation which gradually transfers virtue from sakoku (protecting the population against Christian proselytism and commercial protectionism) to kaikoku (protecting the people from foreign harm and famine).
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