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De la mémoire de l'histoire à la refonte des encyclopédies : médiations symboliques du roman francophoneItsieki Putu Basey, Jean de Dieu 24 April 2018 (has links)
Cette recherche porte sur dix romans d’auteurs francophones : Monnè, outrages et défis, d’Ahmadou Kourouma ; La mère du printemps et Naissance à l’aube, de Driss Chraïbi ; L’escargot entêté et Les 1001 années de nostalgie, de Rachid Boudjedra ; La déchirure et Le régiment noir, d’Henry Bauchau ; Prochain épisode, Trou de mémoire et L’antiphonaire, d’Hubert Aquin. Au-delà des différences sociohistoriques de leurs origines, les œuvres accusent des fortes similitudes tant au niveau de l’écriture qu’au plan de leur thématique. Nourries – pour la plupart – de l’expérience de vie des auteurs, elles s’ancrent dans l’époque ou convoquent les événements du passé (invasions, colonisation, guerres, résistances) afin de produire une intelligence de l’Histoire. Par métonymisation, cette dernière s’incarne dans un « Je » narrateur halluciné, blessé à l’origine et psychologiquement décomposé, qui engage désespérement l’écriture pour dire son mal être et, peut-être s’en guérir. La fiction de soi sert de moyen pour écrire l’Histoire et celle-ci se confond avec le récit, le discours sur le roman en train de s’écrire tendant à devenir l’objet même de la narration. Dans une autre perspective, prenant le détour de l’allégorie, les textes montrent à travers des événements plus anciens, même vécus ailleurs, des motifs et des figures qui illustrent le mécanisme cyclique, les modes de fabrication de l’Histoire, et témoignent de la résistance des peuples ainsi que de leurs stratégies de survie. Par une approche herméneutique, s’inspirant aussi du paradigme de « mort et naissance » à l’aune duquel Pierre Nepveu lit la littérature québécoise, cette analyse met en lumière la médiation symbolique à l’œuvre dans les romans. Tout en mettant en scène la déshérence des sujets (individuels ou collectifs) et l’impasse historique, ils proposent d’inventer des voies de dépassement. En montrant que les fausses évidences et tout « ce-qui-va-de-soi » dans les imaginaires ont été à l’origine choisis et fabriqués en réponse à des besoins contingents, les fictions du roman francophone attirent notre attention sur un principe majeur de regénération des mondes : une tradition, une culture, une civilisation s’invente ; précisément, elle invente le temps et, inversement, le temps la réinvente. / This research focuses on ten novels by Francophone authors: Monnè, outrages et défis, by Ahmadou Kourouma ; La mère du printemps and Naissance à l’aube, by Driss Chraïbi ; L’escargot entêté and Les 1001 années de nostalgie, by Rachid Boudjedra ; La déchirure and Le régiment noir, by Henry Bauchau ; Prochain épisode, Trou de mémoire, and L’antiphonaire, by Hubert Aquin. Beyond the socio-historical differences in their origins, the works show strong similarities both in writing and in their themes. Based – for the most part - on the life experience of the authors, they are rooted in the era or summon past events (invasions, colonization, wars, resistance) to produce an understanding of history. Through the device of metonymisation, the latter is embodied in an "I" hallucinated narrator, originally injured and psychologically broken down, desperately committed to writing in order to express his unhappiness and perhaps also to heal himself. Autobiography serves as a way to write history and it merges with the narrative, the discourse on the novel being written tending to become the object of the narrative. From another perspective, that of allegory, the texts show through older events, even experienced elsewhere, the patterns and figures that illustrate the cyclical nature and methods of building history, and reflect the resistance of the peoples and their survival strategies. Using a hermeneutic approach and also drawing upon the paradigm of "birth and death" in the light of which Pierre Nepveu understands Quebec literature, this analysis highlights the symbolic mediation at work in the novels. While featuring disinherited subjects (individual or collective) and the historical impasse, they propose ways to get around this. By showing that only false evidence and any "it-goes-without-saying " in imaginaries were originally selected and created in response to contingent needs, the fiction in the Francophone novel draws attention to a major principle in the regeneration of worlds : a tradition, a culture, a civilization is invented; specifically, it invents time and, conversely, time reinvents it.
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Illusion et rhétorique de la folie comique entre 1630 et 1650 : le discours des mythomanes et des monomaniaques dans Le menteur de Pierre Corneille, Les visionnaires de Jean Desmarets de Saint-Sorlin et Polyandre de Charles SorelCliche, Marie-Ève 18 April 2018 (has links)
Par le biais d’une analyse du discours des personnages excentriques que nous retrouvons dans deux comédies et dans un roman comique français des décennies 1630-1640, Les Visionnaires (1637) de Jean Desmarets de Saint-Sorlin, Le Menteur (1643) de Pierre Corneille et Polyandre (1648) de Charles Sorel, nous nous intéressons aux liens qu’entretiennent illusion et folie au milieu du XVIIe siècle. Nous examinons plus précisément les procédés discursifs et rhétoriques caractéristiques du discours des personnages de fous comiques de cette période, afin de dégager des tendances révélatrices de la pensée d’une période de transition marquée par les questions de l’illusion et des apparences, mais aussi par celles de la raison, de la vraisemblance et de la juste mesure. Nous adoptons ainsi, en parallèle, une approche anthropologique de la littérature nous permettant d’envisager la parole de l’extravagant à partir des rapports étroits qui liaient les différents savoirs à cette époque.
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La lettre et la mère : roman familial et écriture de la passion chez Suzanne Necker (1737-1794) et Germaine de Staël (1766-1817)Dubeau, Catherine 13 April 2018 (has links)
Tableau d’honneur de la Faculté des études supérieures et postdoctorales, 2007-2008. / "Notre thèse interroge ce qui, dans le lien mère-fille et dans la représentation qu'en donnent Suzanne Necker (1737-1794) et Germaine de Staël (1766-1817), dirige et travaille leur pratique de récriture. Plus précisément, nous envisageons chez l'une et l'autre auteure le lien ambivalent (fusionnel et conflictuel, coupable et nostalgique) à la mère comme expérience fondatrice et structurante de la passion, ultérieurement constitutive des motifs littéraires de la colère indomptable, de l'amour contrarié et de la culpabilité mortifère. La lecture conjointe de leurs oeuvres (essais, journaux, correspondances et, dans le cas de Germaine de Staël, fictions théâtrales et romanesques) dévoile une relation orageuse, marquée par la rivalité, le remords, et dont l'expression apparaît indissociable des bouleversements sociopolitiques contemporains : Révolution, Terreur et Empire prêtent leurs emblèmes, tissant des réseaux analogiques entre les économies familiale et politique. Donner la vie et mettre à mort sont ici les faces antithétiques d'une même relation, par laquelle la lettre^ tous genres confondus, oscille indéfiniment entre l'aveu amoureux et la déclaration de guerre. La notion de roman familial, pierre angulaire de notre réflexion, jointe au double éclairage de la psychanalyse littéraire et de la sociologie de la littérature, permet de relire avec le meilleur profit des textes qui ne cessent de se poser comme actes de résistancesurvivance en regard de contextes social, familial et politique éminemment conflictuels. L'étude se divise en trois parties, respectivement consacrées à l'analyse de la culpabilité et de la sociabilité dans les écrits intimes de Suzanne Necker, aux échanges épistolaires et "duels" d'écriture entre mère et fille (de l'enfance de Germaine Necker à la mort de Madame Necker), puis à la lecture des fictions de Germaine de Staël, hantées par des configurations relevant de la culpabilité filiale et du despotisme maternel."
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