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Optimisme tragique et réconciliation de la pensée et de la poésie dans l'œuvre de René Char, précédé de Le travail au noirGaulin Lamontagne, Blaise 17 April 2018 (has links)
Nous démontrons dans la partie reflexive de ce travail, que René Char tente de revenir, par diverses stratégies poétiques, à un langage qui n'opérerait plus, ou presque, de distinction majeure entre pensée et poésie, un langage qui se caractériserait par son dépouillement, ainsi que sa souplesse. Un langage dans lequel la poésie viendrait en quelque sorte au secours de la pensée, en prolongeant l'étendue de celle-ci, en préservant sa vigueur. Pour ce faire, nous prenons comme corpus principal les poèmes qui traitent de la poésie elle-même, et dont la plupart se retrouvent dans Fureur et mystère, La parole en archipel, ainsi que Les matinaux. Ces poèmes comptent parmi les plus éblouissants du poète, et ils illustrent à merveille sa conception de l'écriture et ses nombreuses obsessions, quant à l'élévation poétique de la parole. Nous avons divisé notre travail en cinq parties en prenant, comme point de départ, la volonté du poète de cerner la poésie, c'est-à-dire de prendre l'acte d'écriture comme sujet premier et tremplin poétique. Nous traitons ensuite de la brièveté et du dépouillement poétique, ainsi que de l'extrême importance du silence, en ce qui a trait au large déploiement des résonances. Nous traitons également, dans la troisième partie, du retour à un langage originel, ainsi que de la volonté du poète d'engager la totalité de son être dans l'acte d'écriture. Ce point important nous mène, en quatrième partie, au thème crucial de la violence poétique, engendrant mouvements et tensions, et se résolvant en légèreté, en souplesse, visées ultimes de l'écriture de Char. Nous tentons enfin, dans la dernière partie, de souligner l'apport majeur du poète de Fureur et mystère dans notre propre démarche poétique. Nous traitons plus particulièrement de notre détachement par rapport au surréalisme, ainsi qu'à la conception idéalisée de la femme qui s'y rattache. Nous démontrons du même coup l'influence importante de Char, en ce qui concerne le dépouillement et la maîtrise de l'exaltation, dans notre recueil de poèmes : Le travail au noir. / Dans la partie poétique, enfin, nous conservons cette volonté de maîtriser l'exaltation pour poursuivre un objectif d'épurement, et tenter de tracer les contours d'une poésie qui se voudrait à la fois discrète et perçante, brièveté et fulgurance. Le travail au noir est sans ornements, c'est un travail de l'inutile ("Vaste et long tâtonnement de paroles vers les vallées de l'inutile verdoyant"), se tramant dans l'obscurité, à l'insu de tous. 11 s'agit de retrouver les traces de son fleuve entre les lignes de la vie oublieuse... S'il y a, encore une fois, ce constant souci du dépouillement, c'est afin de ne pas se laisser prendre aux pièges d'une musique trop éclatante, ainsi que par des débordements qui, inévitablement, finissent par étouffer les sentiers possibles du poème. Il ne s'agit pas ici de séduire la multitude, donc, mais de nous apprendre quelque chose au sujet de nous-même, à prime abord. La poésie n'est pas un métier, elle est une vocation qui se superpose et agit sur toutes les autres facettes de notre existence. La gloire d'une telle recherche, d'une telle excavation, ne réside aucunement parmi les acclamations et les louanges. La prouesse la plus grande sera celle qui obligera le silence, et qui permettra du même coup l'enclenchement des résonances lointaines. C'est une musique de ± sillons en creux de main ¿ que nous nous proposons de pourchasser dans ce recueil. Musique secrète qui palpite derrière les murs, qui nous dévoile à nous-mêmes, qui nous force à l'ultime contrainte de l'attention et surtout, à la patience.
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