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Narrer au féminin des Mémoires d’Henriette-Sylvie de Molière à La Religieuse de Diderot / Narrating with a female voice from Henriette-Sylvie de Molière Memoirs to Diderot's La Religieuse

Dujour-Pelletier, Florence 12 December 2015 (has links)
Les formes personnelles du récit (roman à la première personne et roman épistolaire) se sont imposées comme des formes privilégiées de la narration romanesque depuis la fin du dix-septième siècle jusqu'aux années 1760. L’étude a porté sur ce qui a pu inciter les auteurs, féminins ou masculins, à adopter très fréquemment une voix féminine dans ces narrations à la première personne. Qu'autorise cette voix féminine ? Cette adoption implique-t-elle une identification possible au féminin ? S'agit-il au contraire de mieux « construire » une représentation du féminin auquel d'ailleurs, en retour, les femmes peuvent finir par s'identifier ? L’étude a d'abord porté sur l'héritage des voix féminines en revenant à la situation de ce qu'on peut qualifier de « genres féminins » au dix-septième siècle : l’écriture épistolaire et mondaine pratiquée par Madame de Sévigné, les contes de fée, et le genre du roman-mémoires qui se développe sous la plume de romancières comme Mme de Villedieu ou Mme de Murat. Tous ces genres mettent en place certaines images de la féminité et de la narration féminine marquées par l’audace, l’humour, le badin et parfois la mise à mal des modèles héroïques. Ceci nous a menée à la voix de la Marianne de Marivaux qui est le pivot de cette réflexion, en ce qu’elle a incarné le féminin dans le roman-mémoires pendant plusieurs décennies. En amont, il s’agissait de voir en quoi la voix imaginée par Marivaux n’avait pas surgi ex nihilo, mais comment elle avait été préparée par les romancières et écrivaines de la seconde moitié du XVIIe siècle, et de quelle manière les conditions étaient réunies pour qu’émerge cette voix véritablement fondatrice. En aval, l’étude nous a permis de voir en quoi cette voix a influencé et inspiré les auteurs contemporains de Marivaux ou ceux qui l’ont suivi. L’étude se poursuit par une confrontation entre La Religieuse de Diderot et la Nouvelle Héloïse Rousseau afin d’observer la manière très différente mais en écho dont les deux romanciers faisaient parler des personnages de femmes et ramenaient dans le champ du romanesque une forme de tragique ou de pathétique qui semblait éteindre la voix de Marianne et donc avec elle les voix des romancières et conteuses de la fin du XVIIe siècle. / The personal narrative forms (novels written in the first person and epistolary novels) are among the most commonly used narrative forms in novels written between the end of the seventieth century and the period circa 1760. This research aims to identify the motivations of many male as well as female authors to use very frequently a woman’s voice in their first person narration. What does this woman’s voice allow? Does it mean the author identifies himself with a woman ? Or is it a way to shape a woman’s representation, to which the women, in return, might identify themselves ? This research studies the legacy of women’s voices, through what we may call the feminine narrative forms in the 17th century : the epistolary and mundane writtings of Madame de Sévigné, the fairy tales and the memoir-novels from Mme de Villedieu or Mme de Murat. All these narrative forms convey an image of feminity and feminine narrative forms full of audacity, humour, « badin » and also a certain undermining of the heroic role model. “The voice of Marivaux’s Marianne” is at the center of this reflexion, as she embodied the feminine in the memoir-novels for several decades. A feminine voice who did not appear ex-nihilo but whose emergence was fully prepared by the female novelists and writters of the second half of the 17th century. And a feminine voice who did not disappear with her author, as many Marivaux’s contemporaries and authors in the following years gave new inspirations to this voice. This study also confronted La Religieuse de Diderot and La Nouvelle Héloïse de Rousseau in order to identify the very different, although mirroring ways in which the two authors have the women characters express themselves and bring forward a form of tragedy and pathetic that seems to silence Marianne’s voice and close the era of the female authors and storytellers of the end of the 17th century.

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