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Conscience des affects et biais de mentalisation chez les enfants manifestant des plaintes somatiquesPaquin, Éliane January 2014 (has links)
La somatisation réfère à la présence de symptômes physiques pour lesquels aucun
diagnostic médical ne peut être émis (Meesters, Muris, Ghys, Reumerman, &
Rooijmans, 2003; Waller & Scheidt, 2006) et concerne environ 20 % des enfants issus
de la population générale (Gilleland, Surveg, Jacob, & Thomassin, 2009). Certains
concepts explicatifs de la somatisation, tels que l’alexithymie et la conscience des
affects, ainsi que certaines variables pouvant y être associées, comme l’humeur négative, incluant l’anxiété et la dépression, ont été abordés dans diverses études dans le but d’approfondir la compréhension des facteurs psychologiques liés à la somatisation (Campo et al., 2004; De Gucht, Fischer & Heiser, 2004; Gilleland et al., 2009; Kellner, 1990; Waller et Scheidt, 2004). L’alexithymie réfère à un déficit cognitif relatif à la reconnaissance et à la description des émotions (Sifneos, 1973). Pour sa part, la conscience des affects, concept sous-jacent à l’alexithymie, réfère à la relation mutuelle entre l’activation de base de l’affect et la capacité de le percevoir, d’y réfléchir et de l’exprimer (Mohaupt, Holgerson, Binder, & Nieslon, 2006). Fonagy et Target (1998)
suggèrent que la mentalisation, soit la capacité à comprendre son propre comportement et ceux des autres en termes d’états mentaux, est un élément crucial dans l’organisation de soi et la gestion des affects. Cette capacité réflexive permet également de lier l’incapacité d’un individu de reconnaître et d’être conscient de ses émotions à l’incapacité plus générale de reconnaître et réfléchir à l’ensemble de ses états mentaux (Guilbaud, 2007). La présente étude cherche à vérifier si la mentalisation peut être utilisée comme une nouvelle avenue de compréhension de la somatisation, en lien avec la conscience des affects et l’alexithymie. Pour ce faire, cinq questionnaires mesurant ces construits ont d’abord été distribués à 112 enfants âgés de 8 à 12 ans et à leurs parents. Par la suite, des analyses de corrélations, de régressions multiples et de variances ont permis d’explorer les relations entre les variables à l’étude. Les résultats ont démontré que la conscience des affects, plus spécifiquement les dimensions relatives à la conscience des sensations corporelles
associées aux émotions et à l’analyse des émotions, de même que les biais de
mentalisation, sont liés significativement aux plaintes somatiques. Des analyses complémentaires ont soulevé que les symptômes d’anxiété sont également associés aux plaintes somatiques. En résumé, bien que la présente recherche ait été réalisée auprès d’enfants issus de la population générale et non clinique, elle fournit des indications intéressantes quant aux variables liées à l’apparition et au maintien de la somatisation chez les enfants. Par le fait même, elle permet d’identifier certains facteurs pouvant être ciblés lors d’interventions auprès des enfants manifestant des plaintes somatiques.
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