Dans les montagnes pluvieuses du Nord-est de la Turquie, l’on danse et l’on chante au son du kemençe, une petite vièle à trois cordes, parmi les vaches et les fusils. A partir d’une enquête dans ces montagnes, le propos de la thèse est d’appréhender un usage communal de la musique, soit une tradition musicale qui ne relèverait pas de ce que l’on entend communément par art - la création d’artistes, eux-mêmes figures marginales au sein de leur société - mais plus sûrement d’un bien communal, quelque chose dont l’usage est donné à tous (au sein de la communauté) et la propriété à personne (en tant qu’individu). Depuis ce constat d’un communal, l’enjeu sera également de comprendre les logiques de folklorisation et de commercialisation qui travaillent les musiques turques depuis maintenant un siècle. / In the rainy Pontic mountains (Northeast of Turkey) people sing and dance at the sound of the kemençe, a tiny three stringed fiddle. Through fieldwork in those mountains, the purpose of this dissertation will be to describe what would be called a “communal use” of music: a musical tradition not understood as art (the creation of artists) but as a common within a certain community. From this observation, the goal will also be to understand the logics of folklorisation and commercialization at work in Turkish music since a century.