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Dichotomies sexuelles dans l'étude du chamanisme : le contre-exemple des femmes "chamanes" shipibo-conibo (Amazonie péruvienne)Colpron, Anne-Marie 04 1900 (has links)
Thèse numérisée par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal. / Lors d’un terrain ethnographique (2000-2001) chez les Shipibo-Conibo de
l’Amazonie péruvienne, j’ai rencontré une dizaine de femmes « chamanes ». Or, la
littérature ethnologique de cette société n’attribue ce rôle prestigieux de pouvoir qu’aux
hommes. Pourqctoi ces «chamanes » féminines ont-elles été omises? Pour tenter de cerner
cette problématique, cette thèse débute par une revue critique de la question de genre et
des théories sur le chamanisme. Malgré l’apport du mouvement féministe, un point de vue
androcentré semble avoir empreint les catégorisations scientifiques en anthropologie.
Ainsi, dans les sociétés de chasseur-cueilleur, la femme -en tant que donneuse de vie- est
encore classée du côté de la nature, du domestique et de la soumission. L’homme
-chasseur-guerrier et donneur de mort- se perçoit, par opposition, comme celui qui se
réapproprie le rôle de «procréateur» au niveau social, il est du côté de la culture, du
public et de la domination. Lui seul peut devenir «chamane », celui qui, par ses pouvoirs
régénérateurs, reproduit cosmiquement la société. Cette dichotomie semble expliquer, en
partie, pourquoi certaines questions n’ont pas été posées chez les Shipibo-Conibo. Or,
l’ethnographie a révélé une autre réalité, qui nuance ces catégories sexuelles types propres
à l’étude du chamanisme amazonien.
Pour situer et comprendre la possibilité du chamanisme féminin chez les Shipibo
Conibo, certains aspects généraux de cette société sont présentés: l’histoire, la situation
contemporaine, l’environnement social et naturel, les composantes vitales et le cycle de
vie. Pour pouvoir détailler les pratiques des diverses « chamanes » féminines et les
comparer à celles de leurs homologues masculins, le chamanisme shipibo-conibo est aussi
exposé de manière globale (l’initiation, les pouvoirs, les traitements, les «auxiliaires »).
Cette thèse se base sur des témoignages recueillis lors du terrain ethnographique. Elle
relève la variété des discours émiques -souvent contradictoires selon les interlocuteurs et
les contextes d’énonciations- et tente ainsi de donner une vision plus complexe des
phénomènes sociaux. Elle vise à démontrer que les relations de genre ne se conçoivent pas
nécessairement de manière dichotomique. Au contraire, des catégorisations trop rigides en
anthropologie biaisent l’étude du chamanisme et des femmes.
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