Cette thèse examine la construction des choix scolaires pour les études postsecondaires des jeunes issus de l'immigration d'origine roumaine à Montréal. La thèse s'inscrit dans un contexte social où, en raison du grand nombre d'immigrants que le Québec accueille chaque année, l'intégration de leurs enfants, présents en nombre significatif dans les écoles montréalaises, se réalise en grande partie par le biais de l'éducation. Nous nous intéressons particulièrement à comprendre l'expérience familiale et scolaire de ces jeunes afin de mieux éclairer leurs choix pour les études postsecondaires. Rendant compte des acteurs sociaux et du sens qu'ils donnent à leurs choix, cette thèse s'inscrit dans une perspective constructiviste de la sociologie de l'éducation. Dans cette optique, nous mobilisons la sociologie de l'expérience sociale afin de comprendre l'expérience scolaire des jeunes à travers la double socialisation : familiale et scolaire et du rôle joué par leurs parents dans ce processus. Pour rendre compte de ces expériences, 36 entrevues de type récit de vie sont réalisées auprès des familles immigrantes roumaines, les parents et leurs jeunes, qui, au moment de l'entrevue, sont aux études postsecondaires, collégiales ou universitaires. Les résultats de la thèse concernent, dans un premier temps, la famille immigrante roumaine (les parents) et le rôle qu'elle joue dans la réussite scolaire associée à l'obtention d'un diplôme universitaire de ses enfants. Ces parents, pour qui l'éducation est une valeur importante, manifestent des aspirations scolaires et professionnelles élevées pour leurs enfants. Ils adoptent également une vision souvent critique du système scolaire primaire et secondaire québécois. En vue de favoriser cette réussite, ils s'engagent dans une optique de surinvestissement à travers différentes pratiques éducatives, réalisées majoritairement à domicile. Ensuite, l'analyse des effets de la socialisation familiale et scolaire sur les jeunes durant leurs études primaires et au premier cycle du secondaire permet de révéler que, ayant intériorisé certaines dispositions familiales, ces jeunes entretiennent des aspirations scolaires et professionnelles élevées et chérissent l'école. Tout au long de leurs études, ils ressentent la pression de réussir, à la fois pour accomplir le projet migratoire et pour suivre les traces scolaires de leurs parents, qui possèdent majoritairement un capital scolaire élevé. Enfin, l'expérience scolaire des jeunes face aux choix d'une séquence de mathématiques au deuxième cycle du secondaire (deuxième palier d'orientation scolaire), l'expérience vécue à la suite du choix réalisé (quatrième et cinquième année du secondaire) et le choix des études collégiales (troisième palier d'orientation scolaire) permettent de formuler quelques constats. L'orientation scolaire et professionnelle des jeunes, indépendamment de l'étape scolaire, se réalise en réponse aux attentes parentales, comme modalité de réalisation du projet migratoire familial. Lorsque ces attentes leur semblent intenables, certains adoptent une attitude de résistance, suivant ainsi une logique d'opposition et développant certains goûts et intérêts dans des matières où ils ont plus de facilité. Bien que l'école joue un rôle dans l'expérience des jeunes en effectuant une sélection basée sur les résultats scolaires, ce sont plutôt les parents qui jouent un rôle important dans ce processus, alternant entre des pratiques autoritaires pour imposer certains choix et la négociation avec leurs enfants. Sur le plan scientifique, notre thèse contribue à l'avancement des connaissances dans le domaine de la recherche portant sur l'expérience scolaire des jeunes issus de l'immigration vers les études postsecondaires, en considérant le rôle de la famille et de l'école à travers les analyses. Sur le plan social, elle éclaire les enjeux auxquels la population immigrante fait face dans le processus d'orientation scolaire et professionnelle au Québec et fournit des informations importantes aux acteurs et aux institutions éducatives pour l'élaboration de politiques et de pratiques adaptées. / This thesis examines the construction of educational choices for post-secondary studies among young people of Romanian immigrant backgrounds in Montreal. The thesis is set in a social context where, due to the large number of immigrants Quebec welcomes each year, the integration of their children, who are significantly present in Montreal schools, is largely achieved through education. We are particularly interested in understanding the family and school experiences of these young people to better inform their choices for post-secondary education. Accounting for social actors and the meaning they give to their choices, this thesis adopts a constructivist perspective within the sociology of education. From this viewpoint, we employ the sociology of social experience to understand the school experience of young people through dual socialization: family and school, and the role played by their parents in this process. To account for these experiences, 36 life-story type interviews were conducted with Romanian immigrant families, including parents and their young people, who at the time of the interview, were in post-secondary, college, or university studies. The thesis results first concern the Romanian immigrant family (the parents) and the role they play in their children's academic success. These parents, for whom education is an important value, are distinguished by their high educational and professional aspirations for their children and an often critical vision of the Quebec primary and secondary school system. In order to promote their children's academic success, they engage in overinvestment through various educational practices, mainly carried out at home. Then, the analysis of the effects of family and school socialization on young people during their primary and early secondary education reveals that, having internalized certain family dispositions, these young people maintain high educational and professional aspirations and cherish school. Throughout their studies, they feel the pressure to succeed, both to fulfill the migratory project and to follow in the footsteps of their parents, who mostly possess a high level of educational capital. Finally, the school experience of young people regarding the choice of a mathematics sequence in the second cycle of secondary school (second level of educational orientation), the experience following the choice made (fourth and fifth years of secondary school), and the choice of college studies (third level of educational orientation) allow for several observations. The educational and professional orientation of young people, regardless of the educational stage, is carried out in response to parental expectations as a method for fulfilling the family migratory project. When these expectations seem untenable to them, some adopt a stance of resistance, thus following a logic of opposition and developing certain tastes and interests in subjects where they find more ease. Although the school plays a role in the young people's experience by making a selection based on academic results, it is rather the parents who play an important role in this process, alternating between authoritarian practices to impose certain choices and negotiation with their children. On a scientific level, our thesis contributes to the advancement of knowledge in the field of research relating to the educational experience of young immigrants towards post-secondary studies, by considering the role of the family and the school through analyses. On a social level, it highlights the issues faced by the immigrant population in the process of educational and professional orientation in Quebec and provides important information to educational actors and institutions for the development of appropriate policies and practices.