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La banlieue bleue ? Une analyse du vote de droite en milieu populaire. Le cas du quartier des Moulins à Nice / The “banlieue bleue”? An analysis of the right-wing vote in a populous area. The case of the Moulins district in NiceGiraud, Laura 30 November 2018 (has links)
Pourquoi des électeurs membres des classes populaires et socialisés à gauche votent-ils à droite ? Alors que les enquêtes sociologiques portent essentiellement sur l’abstention, le vote à gauche et la présence de l’extrême droite en milieu populaire, cette thèse aborde un phénomène électoral peu étudié : le vote de droite en milieu populaire. Les propriétés sociales des électeurs ne pouvant pas, à elles seules, expliquer ce choix électoral, c’est par une enquête ethnographique associée à une entreprise monographique, menée sur un quartier d’habitat social niçois entre 2014 et 2016 que sont définis les « sens » du vote de droite en milieu populaire. Un suivi au long cours des électeurs dans leur environnement a permis d’établir que ce vote n’est pas simplement le fait d’individus socialisés à droite et/ou appartenant aux franges supérieures des classes populaires et/ou en situation d’ascension sociale. Il concerne aussi des électeurs socialisés à gauche, situés dans les segments les plus précarisés des catégories populaires. La thèse montre qu’ils votent à droite sans exprimer des préférences politiques de droite, mais en cherchant une réponse à leurs demandes sociales. Dans ces conditions, les mêmes attentes sociales peuvent se traduire par des choix électoraux différents, tels qu’un vote à droite à une élection locale et un vote à gauche à l’élection présidentielle. Ces variations électorales, qui font sens pour l’électeur et ne renvoient pas à un déficit de compétence politique, s’expliquent par une entreprise d’ancrage et de travail politiques intenses de candidats situés à droite. Ils endossent leur rôle d’élu de proximité en euphémisant leur affiliation partisane, manifestent des dispositions sociales qui autorisent l’identification des électeurs, redistribuent des biens publics et disposent, sur le terrain, de puissants relais dans le tissu social. Ainsi, une forte dynamique d’encadrement des classes populaires peut produire, localement, une incitation au vote à droite chez les plus précarisés d’entre eux. Le sens qu’ils assignent à ce choix n’est dès lors pas en rupture avec leurs préférences politiques et est ajusté à leurs attentes et dispositions sociales. C’est donc à l’intersection de la sociologie des électeurs et de la sociologie du métier d’élu que se déchiffrent les sens du vote. / Why do working class voters, whose socialization lies on the left, eventually choose right wing candidates? While most of the scholarship on contemporary politics tends to focus either on the growth of the far-right, abstention or the decline of left-wing activism, this thesis studies a phenomenon that has, so far, attracted little attention. A two-year ethnographic inquiry into a working-class district of Nice shows, instead, the many meanings a right-wing vote has for the poor, and how support for conservative candidates is often shaped by dynamics that have little to do with the voters’ social attributes. Studying voters in their social environment attests, as one would expect, that right-wing suffrage within the working classes regards its higher, ascending stratas, whose claims for status and respectability is better defended by conservative candidates. However, this thesis also shows how and why the latter’s campaigns can meet the expectations, representations and standards of the more vulnerable and precarious segments of these classes, sometimes socialized to left-wing values. In such conditions, the same social expectations can translate into contradicting ballots at a local election and for a national poll, such as a presidential election. These electoral variations, which make sense for the electors, are not the result of ignorance or political illiteracy. They can be explained by the long-term rooting of conservative leaders, who embrace their role as representatives and shape their discourses and practices to better answer the expectations of lower class citizens: they perform their roles according to working class standards, share public goods and widen their leadership thanks to strong men on the field. Therefore, a tight control of low-income neighborhoods can locally produce a conservative support among the poor and the most vulnerable, as long as right-wing candidates adjust themselves to the needs and expectations of their clients and do not seem to contradict their immediate interests. It is, therefore, by embracing both electoral and elite sociology that one can decipher and understand the meaning of local polls.
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