Th.--Sci de gest.--Rennes 1, 1978.

Mémoire numérisé par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal.

Diss. / Bibliogr. p. 220-241. Index.

Depuis le début des années 2010, des discours concernant la venue d'une nouvelle révolution industrielle se font de plus en plus entendre dans les sphères politiques et économiques. Considérée comme intrinsèquement perturbatrice, cette Quatrième révolution industrielle se caractériserait par la prolifération des nouvelles technologies numériques dans le monde du travail (Schwab, 2017). Pour le secteur manufacturier, historiquement sensible aux changements technologiques, une pression plus importante est faite sur les organisations pour investir dans cette transformation numérique (Pardi et al., 2020). Ce mémoire cherche à comprendre et expliquer la relation entre cette nouvelle vague de changements technologiques et l'organisation du travail dans le secteur manufacturier. Nous adoptons une posture critique qui tentera de distinguer le discours de la réalité empirique telle que vécue par les acteurs dans les milieux de travail au Québec. Pour ce faire, nous mobilisons trois approches théoriques, soit la structuration sociale des technologies, les théories du procès de travail et les ressources de pouvoir. Sur le plan méthodologique, ce mémoire est structuré autour de trois études de cas provenant du sous-secteur de la fabrication de produits en caoutchouc au Québec. Nos données qualitatives proviennent de quatre sources : des entretiens semi-dirigés avec des gestionnaires, des dirigeants syndicaux et des travailleurs (30), de l'observation non participante, de l'analyse de conventions collectives et de la recherche documentaire. Bien qu'à certains égards perturbateurs pour l'organisation du travail, nos résultats démontrent que ces technologies semblent reconduire les logiques de production déjà en place. Les dynamiques de marché et les technologies préexistantes, mais aussi les rapports de pouvoir entre les acteurs sociaux de l'entreprise, façonnent la conception et l'intégration technologique et contribuent à une certaine contingence de leurs effets sur l'organisation du travail.

Ce travail veut être une contribution, à la fois théorique et empirique, à l'étude sur la longue durée des pratiques de régulation (au sens large du terme: constitution d'objets techniques, de pratiques de conception, d'outils de gestion et de morphologies<br />organisationnelles) développées au sein des systèmes socio-techniques, c'est à dire des systèmes composés d'éléments techniques (physiques) et organisationnels, formellement<br />organisées sur la base de normes, des règles et de rôles, plus ou moins standardisés, en vue de réaliser des objectifs prédéfinis. Son terrain empirique est composé de trois systèmes socio-techniques. Deux historiques relativement brefs, portant sur le monde<br />industriel (taylorisme : 1880-1980), et le métropolitain de Paris (1900-1990), préparent le terrain pour la présentation systématique du concept central de ce travail, celui de mode de régulation, à travers lequel nous essayons de donner un fondement théorique à<br />l'explication du mouvement — émergence et formation, stabilisation, crise — des pratiques de régulation développées au sein d'un système socio-technique. Une fois le concept de mode de régulation exposé, nous procédons à une étude approfondie des<br />pratiques de régulation dans le domaine de l'assainissement (1850-1990).<br />Les lectures parallèles des trajectoires de trois systèmes étudiés ici révèlent des connivences quant aux logiques de régulation à l'oeuvre. Pensée et projetée sur un mode homéostatique, la régulation cherche son efficacité dans la norme et les pratiques<br />codifiées ; ces dernières étant objectivées très souvent dans des dispositifs techniques et cristallisées dans des architectures fonctionnelles marquées par des cloisonnements forts et pauvres en communication. Or, cette logique semble entrer aujourd'hui entrer dans une phase de mise en cause profonde. La dernière partie de la thèse, centrée sur les mutations actuelles dans le domaine de l'assainissement, essaie de dessiner les lignes de force qui paraissent majeures dans les évolutions en cours.