« Les bateaux, les techniques de navigation et les hommes qui vivent de l'exploitation du milieu aquatique ne sont pas des sujets d'étude privilégiés des chercheurs. Cette absence d'intérêt semble due à une incompatibilité culturelle; la culture savante est surtout terrienne et littéraire, celle de l'homme de l'eau est technique et bien entendu tourne le dos à la terre. Il en résulte que ces activités sont souvent méprisées et parfois même ignorées; les techniques nautiques traditionnelles ou préindustrielles, même les plus proches de notre époque, nous sont très mal connues. La connaissance de ces techniques nautiques traditionnelles présente un intérêt plus grand encore lorsqu'il s'agit de l'histoire locale; l'histoire du développement des villages riverains du fleuve en bas de Québec serait incomplète si nous ignorions ce qu'a été la goélette. L'existence de ces habitants a reposé à un moment de leur histoire sur une activité en rapport avec l'exploitation du milieu maritime. Inspiré en grande partie par ce contexte culturel, le présent travail vise à montrer la façon dont la goélette à voile est dépendante dans ses formes, sa structure, ses dimensions, son existence même d'un grand nombre de facteurs géographiques, historiques, techno-économique et à mieux connaître les hommes rattachés à cette activité de cabotage dans la région de la Côte-du-Sud. La Côte-du-Sud constitue une entité géographique aussi facilement représentable que n'importe laquelle région de la vallée du Saint-Laurent. Originellement, cette bande de terre s'étend entre les vallées transversales de la Chaudière et de l'Etchemin au Sud-Ouest et la dépression du Témiscouata au Nord-Est. Cependant, nous avons volontairement réduit cette région à une bande étroite, littorale, de Montmagny jusqu'à Rivière-du-Loup. Les villages compris dans ce territoire nous apparaissent plus homogènes que la partie en amont de Montmagny, trop proche de Québec. [...] Le premier chapitre est consacré à la présentation de l' "individu" par la méthode descriptive afin de connaître ses dimensions, ses variantes typologiques, l'élément propulseur et les autres détails pertinents qui le composent. Par la suite, après la description géographique des rives et des caractéristiques hydrographiques du fleuve, nous analysons de quelle façon ces facteurs déterminants sont liés aux conditions de navigation et à l'architecture de la goélette à voile. Le chapitre suivant est destiné à l'étude de l'adaptation fonctionnelle de la goélette aux différentes catégories de cabotage qu'elle pratique et par le fait même aux structures techno-économiques fluviales. La place que tient la goélette dans le contexte socio-économique de la Côte-du-Sud en rapport avec la structure économique de la seconde moitié du XIXe siècle fait l'objet du 4e chapitre. Finalement, le dernier chapitre montre comment et pourquoi ce bateau, après avoir atteint un certain palier d'évolution, est disparu avec le XXe siècle. »--Pages 3-5