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La camaraderie au front : étude de la sociabilité et des pratiques relationnelles du monde combattant 1914-1918 / ‘Camaraderie’ at the front : a study of sociability and relationship within the fighting world, 1914-1918

Lafon, Alexandre 24 September 2011 (has links)
La notion de camaraderie irradie l’ensemble des discours produits après la Grande Guerre, qu’ils émanent des autorités, des historiens, souvent rescapés du conflit ou du monde ancien combattant. Unité, solidarité, fraternité sont autant de valeur que porterait l’expérience du front. Les sources directes produites au plus près de l’événement en particulier, récits sous forme de lettres, carnets ou « discours visuels » de la photographie privée invitent pourtant à donner de l’épaisseur à une notion héritée d’une mise en scène de la guerre. En ce sens, les expressions de la camaraderie par les mots, comme l’observation des pratiques relationnelles combattantes, autour du partage de l’abri, de la nourriture, des rites de convivialité, laisse entrevoir, au-delà d’une même inscription dans la guerre qui dure, une fragmentation des groupes et des expériences, une inégalité des situations. Les identités en guerre, sociales et militaires, semblent en effet des facteurs puissants de construction, activation ou réactivation des liens sociaux qui se déploient à plusieurs échelles. Déterminant par là des cercles de camaraderies superposés, plus ou moins intenses, qui laissent aussi une certaine place à la reconnaissance de l’ennemi comme camarade. Au final, la violence qui pèse sur les hommes sous l’uniforme est ressentie de la même manière par les groupes combattants et le découpage « arrière/front » cristallise les rancunes et participe à l’élaboration du « mythe » de la fraternité. Mais la multiplicité des liens relationnels tissés et les réseaux qui permettent aux soldats-combattants de s’adapter à la guerre, font aussi prendre conscience, à un niveau macro-politique, de l’inexistence de l’égalité rêvée, prônée par la République et le discours officiel. / The notion of ‘camaraderie’ has irradiated the whole discourses delivered after the Great War, either by the government or by historians- often war survivors or by veterans. Unity, solidarity and fraternity are values enhanced by fighting at the front. Direct sources issued straight after the event itself, narratives such as letters, diaries or « visual discourses » from private photographs tend to emphasize a notion stemming from a staging of the war.Therefore, works dealing with ‘camaraderie’ - like the observation of the fighters' relationship as regards sharing the shelter, food or the rites of conviviality, give us – though all inscribing within the topic of the lasting war, a glimpse of a fragmentation of the groups and the experiences, as well as unequal situations.During the war, identities, notably the social ones, are indeed strong factors of construction, activation or reactivation of social bonds which deploy at multiple levels, thus defining superimposed, more or less intense circles of camaraderie which also leave room for acknowledging the enemy as a comrade.Finally, if the violence that weighs on men under their uniforms is felt the same way, the multiplicity of relational bonds weave networks allowing soldiers-fighters to adapt to the war while realizing at the macro-political level the non-existence of the dream of equality advocated by the Republic and the official discourse, except - and yet again reinforcing the gap - against the world of the rear which crystallizes grudges and takes part in generating the “myth” of fraternity at the front.

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