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Épidémiologie de la Maladie Rénale Chronique à Kinshasa (République Démocratique du Congo)/ Epidemiology of chronic kidney disease in Kinshasa (The Democratic Republic of Congo)Sumaili Kiswaya wa Mapela, Ernest 29 April 2009 (has links)
RESUME
Contexte
La maladie rénale chronique (MRC) constitue un problème mondial majeur de Santé publique. Son ampleur réelle en Afrique demeure inconnue. Malgré, les progrès réalisés dans lidentification et la prévention de la MRC et le traitement de la phase terminale de la maladie, ces domaines restent un grand défi en Afrique Sub-saharienne à cause du manque cruel des ressources nécessaires.
Objectif
Ce travail a pour objectif de cerner lépidémiologie de la MRC à Kinshasa en vue délaborer des stratégies de dépistage précoce et de prévention adaptées. Le but ultime est de contribuer à la réduction de la morbidité et la mortalité rénales mais aussi cardiovasculaires.
Méthodes : Le présent travail est une revue synthétique de 4 études menées à Kinshasa :
Une étude documentaire des 412 cas réalisée aux Cliniques Universitaires de Kinshasa (CUK), durant la période allant de Janvier 2001 à Décembre 2004 pour identifier le profil épidémiologique et clinique des patients atteints de la MRC. Les résultats de cette étude ont motivé le besoin dévaluer lampleur de la maladie dans la population et dans les structures de santé existantes. Il en a résulté trois études.
Une étude épidémiologique de type transversal effectuée à partir de 503 ménages sélectionnés de manière aléatoire selon un plan de sondage à plusieurs degrés dans 10 des 35 Zones de santé composant Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo (RDC).
Une seconde étude, aussi de type transversal, réalisée à partir de 527 patients à risque de MRC, fréquentant neuf Centres de santé (CS) de niveau primaire et quatre hôpitaux de référence de la ville de Kinshasa.
Une campagne de dépistage de la protéinurie et des facteurs de risque de la MRC chez 3.018 sujets.
Résultats : Lanalyse des données enregistrées en milieu hospitalier a montré :
Une augmentation annuelle progressive et inquiétante des proportions (60,6%, 65,9%, 67,4% et 70,5%) de la MRC admises aux CUK quasi exclusivement au stade terminal de la maladie nécessitant une prise en charge rapide par la dialyse péritonéale. Malheureusement, 11% seulement pouvaient accéder à ce traitement onéreux.
La majorité des malades à prédominance masculine (sexe ratio 2,2/1) décèdent prématurément à un âge moyen (45,8±14,5 ans), à un moment de leur vie où ils sont encore économiquement très productifs.
Les causes probables de la MRC chez ces patients sont la glomérulonéphrite chronique (37%), lhypertension artérielle (27%) et le diabète sucré (26%).
Les études transversales dans la population générale et les institutions de santé traditionnelles de la ville de Kinshasa ont mis en évidence les caractéristiques épidémiologiques suivantes:
La prévalence globale (tous les stades confondus) de la MRC est de 12% dans la population générale, mais 3% seulement sont conscients de leur état de rein. Celle de linsuffisance rénale chronique (IRC) estimée par le débit de filtration glomérulaire (DFGe) < 60 ml/min/1,73 m² est de 8%.
Cette MRC touche particulièrement les adultes (52±15 ans).
Les facteurs de risque potentiels de la MRC, liés à des maladies non transmissibles (MNT) sont en progression comparativement aux études antérieures. Ces facteurs sont lhypertension (28%), le diabète sucré (12%) et lobésité (15%).
Dans les Centres de santé de Kinshasa, la prévalence globale de la MRC méconnue parmi les sujets à risque est le triple de celle rapportée dans la population générale de la même ville.
Parmi cette population malade, les proportions de la MRC atteignent 44% chez les hypertendus, 39% chez les diabétiques ; 16% chez les obèses et 12% chez les sujets infectés par le Virus de limmunodéficience humaine (VIH).
82% des diabétiques avaient une glycémie à jeun non contrôlée (> 126 mg/dl) et 78% dhypertendus navaient pas une pression artérielle sous la cible la moins stricte, cest à dire contrôlée à moins de 140/90 mmHg.
Les déterminants identifiés de lIRC ont été lhypertension (OR ajusté 3,3), le diabète sucré (OR 2) et la protéinurie (OR 2,9).
Les principaux déterminants de DFGe < 60 ml/min/1,73 m² chez les diabétiques étaient lâge et la durée du diabète sucré.
Les résultats de la campagne de dépistage de la protéinurie et des facteurs de risque de la MRC ont révélé ce qui suit :
La prévalence de la protéinurie a été de 17%.
Les autres facteurs de risque de la MRC identifiés chez les sujets en bonne santé apparente ont été: lhypertension (37%), le diabète sucré (9%), lobésité (11%) et le syndrome métabolique (5%).
Pour identifier un cas de protéinurie, il est nécessaire de dépister 4 diabétiques, 5 hypertendus, 4 sujets avec syndrome métabolique, 5 sujets âgés de plus de 50 ans et 9 personnes ne présentant aucune des conditions susmentionnées.
Les déterminants majeurs de la protéinurie étaient lâge > 50 ans (OR ajusté 1,4), le diabète sucré (OR 1,3), le surpoids (OR 1,2) et le niveau socio-économique bas (OR 1,4).
Conclusion :
Ces études établissent pour la toute première fois dans une population africaine la forte prévalence de la MRC et ses facteurs de risque notamment lhypertension, le diabète sucré, lobésité, lâge > 50 ans et linfection à VIH. La maladie affecte ladulte encore jeune comparée aux Etats-Unis où elle prédomine à la vieillesse. Nos études ont montré aussi à la fois la forte prévalence de la protéinurie chez les sujets sans facteurs de risque traditionnels précités, le déficit du dépistage précoce de la MRC et de prise en charge des facteurs de risque dans le système de santé traditionnel favorisant la référence tardive et/ou les décès prématurés, ainsi que les limites malheureuses par manque de moyens de la prise en charge de la maladie au stade tardif. Ces études plaident pour la nécessité dun renforcement de la capacité du personnel soignant dans le domaine de détection précoce et de prise en charge des MNT dont la MRC. Elles montrent également quun dépistage annuel de masse de la population de la protéinurie et des facteurs de risque de la MRC est faisable et pourra, nous lespérons, constituer la base dune élaboration dune politique nationale de prévention.
Mots-clé : diabète sucré, équation (Cockcroft & Gault, MDRD), hypertension artérielle, maladie rénale chronique, prévalence, protéinurie.
SUMMARY
Background
Chronic kidney disease (CKD) is a worldwide public health problem. Little is known about its burden in Africa. Despite the advances in identification and prevention of CKD and management of end stage renal disease (ESRD), sub-Saharan Africa has been left far behind regarding these advances. This is because of the scarcity of necessary resources.
Objective
This work was designed to ascertain the epidemiologic knowledge of CKD in Kinshasa in order to define suitable baseline preventive strategies. It would aims ultimately, to reduce the morbidity and mortality from renal disease and related cardiovascular events.
Methods: This current work summarises results of 4 studies undertaken in Kinshasa:
A retrospective cross sectional study of 412 cases which was done in the Academic hospital of Kinshasa (AHK), from January 2001 to December 2004 to identify the epidemiologic and clinical profile of patients with CKD. The results of this study motivated us to investigate the extent of the burden of CKD in the population and the existing structures of healthcare. Thus, three further studies were carried out;
In an epidemiologic cross sectional study, 503 adult residents in 10 of the 35 health zones of Kinshasa, the capital of the DRC were studied in a randomly selected sample;
In a second study of higher risk subjects, 527 people in primary and secondary health care areas in the city of Kinshasa were studied from a random sample of at-risk out-patients with hypertension, diabetes, obesity, or who were infected by HIV;
Finally, a mass screening for proteinuria and CKD risk factors was conducted in Kinshasa which involved 3,018 subjects.
Results: The analysis of the data recorded in health care had showed:
An overwhelmingly annual increasing proportion of CKD (60.6%, 65.9%, 67.4% and 70.5%) in AHK, unfortunately for the majority at stage 5, in other words at ESRD. Tragically enough, only 11% of them could be treated by peritoneal dialysis depending on their financial resources.
The majority of the patients are young males (sex ratio 2.2/1) undergoing premature death (45.8±14.5).
The probable causes of CKD in these subjects were chronic glomerulonephritis (37%), hypertension (27%) and diabetes mellitus (26%).
The cross-sectional studies in the general population and the traditional structures of health care (HC) of the city of Kinshasa highlighted the following:
The overall prevalence of CKD is 12% in the general population, but only 3% of those with CKD were aware of their condition. The prevalence of chronic renal failure (CRF) (eGFR < 60 ml/min/1.73 m ²) is 8%;
CKD affects particularly young adults (52±15 years);
Risk factors for CKD considered in this study, including hypertension (28%), diabetes (12%) and obesity (15%), are increasing compared to the former studies.
In HC, the overall prevalence of undiagnosed CKD among at-the risk subjects is three times higher the prevalence of CKD in the general population of the same city.
In those with the at-risk conditions, the % of CKD was: 44% in the hypertensive, 39% in the diabetics; 16% in the obese and 12% in those who were infected by the human immunodeficiency virus (HIV).
82% of those with history of diabetes had fasting serum glucose levels (> 126 mg/dl), and 78% of those with a history of hypertension did not have blood pressure controlled to less than 140/90 mmHg.
The strongest determinants of CRF or CKD 3+ were: hypertension (adjusted OR 3.3), diabetes (OR 2) and proteinuria (OR 2.9).
The principal determinants of eGFR < 60 ml/min/1.73 m² in the diabetic patients were age and the duration of diabetes.
The results of the campaign of early detection for proteinuria and CKD risk factors revealed that:
The prevalence of proteinuria was 17%.
The other CKD risk factors identified were: hypertension (37%), diabetes (9%), obesity (11%) and metabolic syndrome (5%).
To identify 1 case of proteinuria, one would need to screen 4 persons with diabetes, 5 persons with hypertension, 4 subjects having metabolic syndrome, 5 subjects aged ≥ 50 years and 9 people without any of the conditions mentioned above.
The strongest determinants of proteinuria were age > 50 years (adjusted OR 1.4), diabetes (OR 1.3) and overweight (OR 1.2) and low socioeconomic status (OR 1.4).
Conclusion:
This work documents for the first time in Africa the high prevalence of CKD and its risk factors mainly hypertension, diabetes, obesity and HIV infection. CKD affects younger people in DRC, in contrast to the United States, where CKD is more prevalent in older. Our work also shows the high prevalence of proteinuria among subjects with neither diabetes nor hypertension, the deficit of the early detection and management of CKD risk factors in the traditional health care system leading to late referral or premature deaths, and the limits of renal replacement treatment.
They also show that an annual mass screening of the population for proteinuria and CKD risk factors is feasible and will, it is hoped, provide the basis for building a nationwide prevention strategy.
Key words: chronic kidney disease, diabetes mellitus, equation (Cockcroft &Gault, MDRD), arterial hypertension, prevalence, proteinuria.
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