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Enjeux postcoloniaux et nationaux dans les polémiques entre ethnohistoriens du Pays d’en Haut (1985-2016)Perreault, Olivier 01 1900 (has links)
Ce mémoire est un exercice d'historiographie portant sur le traitement accordé, par les chercheurs français, québécois et états-uniens des 35 dernières années, au thème de l’agentivité des autochtones du Pays d’en haut des XVIIe et XVIIIe siècles. Représenter les autochtones comme agents, tels qu’ils sont réellement, pour ce qu’ils font concrètement et non comme figurants d’un récit européocentré, telle semble être la règle du jeu de l’écriture ethnohistorique. Cependant, lorsqu'on survole la production des spécialistes de ces sociétés autochtones, on constate rapidement que la question nationale et, de manière plus large, les dynamiques identitaires des chercheurs, exercent encore une force d'attraction considérable sur la description des collectifs autochtones.
Pour comprendre ces dynamiques, on gagne à mobiliser une perspective historiographique ancrée dans un projet de sociologie des sciences. L’analyse s’appuiera plus spécifiquement aux travaux de Bruno Latour et de Pierre Bourdieu sur les polémiques entre chercheurs. L’idée est de voir comment le chercheur, en se situant par rapport à ses pairs dans une démarche d'alliance, d'évitement ou de confrontation, structure un projet ethnohistorien. Un projet de connaissance sur l’autre autochtone, mais également un projet qui se veut soluble dans un régime discursif postcolonial lui aussi structuré par la polémique. En suivant comment se structure, puis se restructure, au fil des générations, le modèle de bonnes pratiques ethnohistoriennes, comment se constituent des collectifs de chercheurs, on en apprend donc à la fois sur le monde des autochtones et sur celui des chercheurs.
C’est dans cette perspective que nous ferons l’analyse de récits historiographiques de grands praticiens de la recherche sur le Pays d’en haut qui, quelques années après avoir publié leurs principaux résultats de recherche, font le point sur l’état de la situation en ethnohistoire, en matière d’agentivité autochtone. Les récits de Bruce Trigger, de Richard White et de Gilles Havard nous permettent ainsi de couvrir l’évolution du champ ethnohistorien depuis 1985. / This thesis is an exercise in historiography that deals with the ways French, Quebec and US researchers interested in the Pays d’en haut in the seventeenth and eighteenth centuries, have referred, over the past 35 years, to the theme of Native agency. To represent the Native peoples as agents, as they really are, for what they do and not as bit players of a Europeo-centric narrative, this seems to be the rule of the language game ethnohistorian play. However, when we look at the production of the specialists of these Native societies, we rapidly come to the conclusion that the national question and, more broadly, the dynamics of identity inherent to the communities of researchers, still have a considerable impact on these narratives.
In order to understand these dynamics, it is useful to develop a historiographic perspective that is rooted in the sociology of science. I will refer more specifically to the works of Bruno Latour and Pierre Bourdieu on controversies among researchers. The idea is to see how researchers, by situating themselves in relation with their peers through alliance, avoidance or opposition, structure an ethnohistorical project. A project that is devoted to knowing better the Native other, but also a project that needs to pass the postcolonial test and hence refers to an area of postcolonial studies that is itself structured through contentions.
By seeing how, through the generations, an ethnohistorical model of good practices is constructed and restructured, how collectives of researchers are built, one learns about the world of Native people, but also about the world of the researchers.
It is in this perspective that I conduct the analysis of historiographic narratives produced by renowned practitioners of studies on the Pays d’en haut, ethnohistorians who, a few years after having published their main work on the subject, take stock of the situation in regards with Native agency. The historiographic propositions of Bruce Trigger, Richard White and Gilles Havard will allow us to cover the evolution of the field of ethnohistory since 1985.
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