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La relation entre le développement des habiletés d'alimentation-déglutition et de langage

Poulin, Simone 08 1900 (has links)
L’objectif primaire de la présente thèse (appelé OBJECTIF 1) est d’investiguer si, et quand dans la séquence développementale, la présence de difficultés d’alimentation-déglutition est associée à un risque élevé d’apparition concomitante et/ou ultérieure de difficultés langagières à 12, 18 et 24 mois. Ses objectifs secondaires sont de fournir un ensemble de données cliniques sur le développement des habiletés d’alimentation-déglutition entre 8 et 24 mois (OBJECTIF 2) et d’explorer la validité divergente du questionnaire sur l’alimentation-déglutition de McFarland et al. (2020; OBJECTIF 3). Ces objectifs ont mené au recrutement de 140 enfants ayant 8 mois ou approchant 8 mois en âge (c.-à-d. ayant de 7 mois 3 semaines à 8 mois), nés à terme, élevés dans un environnement monolingue francophone et n’ayant pas, à 8 mois, une condition biomédicale associée à l’apparition de difficultés langagières. Leurs habiletés d’alimentation-déglutition et de langage ont été caractérisées à quatre reprises (à 8, 12, 18 et 24 mois) à l’aide du questionnaire sur l’alimentation-déglutition de McFarland et al. (2020) et des Inventaires MacArthur-Bates du développement de la communication (Trudeau et al., 1997a, 1997b, 2008). Les habiletés d’alimentation-déglutition d’un sous-groupe de 30 enfants (parmi les 140 initialement recrutés) ont également été caractérisées à 8 mois à l’aide de l’évaluation clinique standardisée de l’alimentation-déglutition intitulée Schedule for Oral Motor Assessment (Reilly et al., 2000). Pour répondre à l’objectif 1, les réponses parentales aux questionnaires sur l’alimentation-déglutition et aux Inventaires MacArthur-Bates du développement de la communication ont été réduites pour assurer une puissance statistique et codées pour la présence et l’absence de difficultés d’alimentation-déglutition et de langage. Des régressions logistiques ont par la suite été réalisées pour investiguer la relation potentielle entre les variables d’intérêt. À partir des résultats des régressions logistiques, des arbres d’inférence conditionnelle ont également été construits pour visualiser la relation entre les variables d’intérêt. Puisque l’ensemble des enfants présentant un reflux, des allergies alimentaires et/ou des intolérances alimentaires n’avaient pas de difficultés langagières à 18 et 24 mois et que la présence de ces conditions médicales est un variable confondante potentielle, deux régressions logistiques ont été réalisées pour chacun des statuts langagiers : une première avec les données de l’ensemble des enfants de l’échantillon et une deuxième avec les données des enfants de l’échantillon ne présentant pas d’allergies, d’intolérances alimentaires et/ou un reflux. Les résultats révèlent que la présence de difficultés de contrôle salivaire à 18 mois est associée à un risque élevé d’apparition de difficultés langagières à 18 et/ou 24 mois. Ils révèlent également que certains indicateurs de difficultés de mastication et/ou de sélectivité alimentaire n’étant pas attribuables à un reflux, des allergies alimentaires et/ou des intolérances alimentaires et apparaissant à 24 mois (en l’absence de difficultés de contrôle salivaire, de mastication et/ou de sélectivité alimentaire à 18 mois) sont associés à un risque élevé d’apparition de difficultés langagières à 24 mois. Lorsque mise en relation avec la littérature précédemment publiée, ces données suggèrent que la présence de difficultés d’alimentation-déglutition chez les enfants ayant des difficultés langagières reflète un problème au niveau des réseaux neuronaux impliqués dans le développement des habiletés de langage et de l’alimentation-déglutition (Krishnan et al., 2016; McFarland et Tremblay, 2006). Elles fournissent également des indicateurs pouvant être utilisés en clinique pour identifier les enfants qui sont à risque de difficultés langagières. Pour répondre à l’objectif 2, les réponses parentales aux 33 questions du questionnaire sur l’alimentation-déglutition ont été codées pour la présence et l’absence de 33 difficultés d’alimentation-déglutition. Puis, le pourcentage d’enfants ayant au moins une difficulté d’alimentation-déglutition à 8, 12 18 et 24 mois a été calculé et comparé. Les trois difficultés d’alimentation-déglutition (parmi les 33) les plus fréquemment rapportées par les parents à chacune des tranches d’âge ciblées dans l’étude ont également été identifiées. Les résultats montrent que le pourcentage d’enfants ayant au moins une difficulté d’alimentation-déglutition passe de 81% à 8 mois à 54% à 24 mois et que deux indicateurs de sélectivité alimentaire font partie de ceux les plus fréquemment rapportés à trois ou quatre des quatre tranches d’âge ciblées dans la thèse. Ces données contribuent à mieux comprendre le contexte expérimental/clinique dans lequel la relation développementale potentielle entre les sphères de l’alimentation-déglutition et du langage prend place. Pour répondre à l’objectif 3, seules les données recueillies pour le sous-groupe de 30 enfants ayant participé à l’évaluation clinique de l’alimentation-déglutition ont été utilisées. Le pourcentage d’enfants identifiés avec au moins une difficulté d’alimentation-déglutition à l’aide du questionnaire sur l’alimentation-déglutition de McFarland et al. (2020) a été comparé au pourcentage d’enfants identifiés avec un trouble d’alimentation-déglutition à l’aide du Schedule for Oral Motor Assessment (Reilly et al., 2000). Les résultats montrent que le pourcentage d’enfants ayant au moins une difficulté d’alimentation-déglutition est significativement plus élevé que le pourcentage d’enfants identifiés avec un trouble d’alimentation-déglutition. Ces résultats suggèrent que le questionnaire sur l’alimentation-déglutition de McFarland et al. (2020) ne mesure pas les mêmes concepts qu’une évaluation standardisée conçue pour identifier la présence de troubles d’alimentation-déglutition, supportant ainsi son utilisation dans la présente thèse qui investigue la relation potentielle entre la présence de difficultés d’alimentation-déglutition et de langage entre 8 et 24 mois. / The primary objective of this thesis (referred to as OBJECTIVE 1) is to investigate whether, and when in the developmental sequence, the presence of feeding-swallowing difficulties is associated with an increased risk of concomitant and/or subsequent language difficulties at 12, 18, and 24 months. Its secondary objectives are to provide clinical data on the development of feeding-swallowing abilities between 8 and 24 months (OBJECTIVE 2) and to explore the divergent validity of the feeding-swallowing questionnaire developed by McFarland et al. (2020; OBJECTIVE 3). These objectives led to the recruitment of 140 children at 8 months or near 8 months of age (i.e., from 7 months 3 weeks to 8 months), born at term, raised in a monolingual French environment, and without any biomedical condition at 8 months known to be associated with language difficulties. The feeding-swallowing and language abilities of these children were characterized on four occasions (at 8, 12, 18, and 24 months) using the Feeding-Swallowing Questionnaire developed by McFarland et al. (2020) and the MacArthur-Bates Communication Development Inventories (Trudeau et al., 1997a, 1997b, 2008). The feeding-swallowing abilities of a subgroup of 30 children (from the 140 initially recruited) were also characterized at 8 months using the standardized clinical feeding-swallowing assessment entitled Schedule for Oral Motor Assessment (Reilly et al., 2000). To address Objective 1, parental responses to the Feeding-Swallowing Questionnaires and the MacArthur-Bates Communication Development Inventories were reduced for ensuring enough statistical power and coded for the presence and absence of feeding-swallowing and language difficulties. Logistic regressions were subsequently performed to investigate the potential relationship between the variables of interest. Based on the results of the logistic regressions, conditional inference trees were also constructed to visualize the relationship between the variables of interest. Since all children with reflux, food allergies and/or food intolerances did not have language difficulties at 18 and 24 months and these medical conditions are potential confounding variables, two logistic regressions were performed for each of the language statuses: one with data from all children in the sample and a second with data from children in the sample without allergies, food intolerances and/or reflux. The results show that the presence of salivary control difficulties at 18 months is associated with an increased risk of developing language difficulties at 18 and/or 24 months of age. They also revealed that the presence of certain indicators of chewing difficulties and/or food selectivity not attributable to reflux, food allergies and/or food intolerances and appearing at 24 months (in the absence of salivary control, chewing and/or food selectivity difficulties at 18 months) are associated with an increased risk of language difficulties at 24 months. When related to previously published literature, these data suggest that the presence of feeding-swallowing difficulties in children with language difficulties reflects a problem in the neural networks involved in the development of language and feeding-swallowing abilities (Krishnan et al., 2016; McFarland & Tremblay, 2006). They also provide indicators that can be used clinically to identify children who are at risk for language difficulties. To address Objective 2, parental responses to the 33 questions of the Feeding-Swallowing Questionnaire were coded for the presence and absence of 33 feeding-swallowing difficulties. The percentage of children with at least one feeding-swallowing difficulty at 8, 12 18, and 24 months was then calculated and compared. The three (out of 33) feeding-swallowing difficulties most frequently reported by parents at each age studied were also identified. The results show that the percentage of children with at least one feeding-swallowing difficulty decreases from 81% at 8 months to 54% at 24 months and that two indicators of feeding selectivity are among those most frequently reported by parents at three or four of the four ages studied in this thesis. These data increase our understanding of the experimental/clinical context in which the potential developmental relationship between the feeding-swallowing and language spheres takes place. To address Objective 3, only data collected for the subgroup of 30 children who participated in the clinical feeding-swallowing assessment were used. The percentage of children identified with at least one feeding-swallowing difficulty using the Feeding-Swallowing Questionnaire of McFarland et al. (2020) was compared to the percentage of children identified with a feeding-swallowing disorder using the Schedule for Oral Motor Assessment (Reilly et al., 2000). The results show that the percentage of children with at least one feeding-swallowing difficulty is significantly higher than the percentage of children identified with a feeding-swallowing disorder. These results suggest that the Feeding-Swallowing Questionnaire developed by McFarland et al. (2020) does not measure the same constructs as a standardized assessment designed to identify feeding-swallowing disorder. They are therefore supporting its use in this thesis investigating the relationship between the presence of feeding-swallowing and language difficulties between 8 and 24 months.

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