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Clio en question. Le théâtre métahistorique en Espagne (1980-2010)Lumière, Emilie 27 September 2012 (has links) (PDF)
Dans le contexte de la postmodernité, la question de l'écriture de l'histoire est devenue essentielle. " Tournant épistémologique " chez les historiens, " fiction métahistorique " chez les écrivains : cela semble témoigner d'une " conscience métahistorique " qui touche aujourd'hui les sociétés occidentales dans leur ensemble, invitant à penser l'histoire comme un palimpseste d'interprétations subjectives et contradictoires. L'Espagne, traversée par de récents conflits mémoriels, n'est pas en reste. Tout en cherchant à identifier les modalités et les enjeux de cette tendance métahistorique, cette thèse s'interroge sur la place du théâtre espagnol contemporain à l'intérieur de ce phénomène. Après avoir retracé les évolutions des notions " métahistoire " et " fiction métahistorique ", ce travail s'ouvre sur un premier chapitre proposant une ébauche de l'histoire de la métahistoire en Occident, étendue à l'historiographie, à l'art et au champ sociétal - limitée pour ce dernier à l'époque contemporaine. Si le phénomène métahistorique est loin d'être nouveau, la conscience métahistorique qui lui donne une force et une cohérence inédites semble se cristalliser dans le dernier tiers du XXe siècle. L'Espagne possède ses spécificités, liées notamment à l'héritage de la guerre civile et du franquisme. Ce chapitre s'achève sur un volet théorique où sont précisés des outils d'analyse pour la fiction métahistorique et une typologie (fiction métahistorique métafictionnelle ; fiction métahistorique historiographique), tout en envisageant quelques particularités du genre dramatique. L'examen, dans un second chapitre, d'une dizaine de pièces espagnoles écrites ces trente dernières années ‒ El retablo de Eldorado, Naufragios de Álvar Núñez, Lope de Aguirre, traidor et El sudario de tiza de J. Sanchis Sinisterra, ¡¡¡Tierraaaa... a... laaaa... vistaaa...!!! de M. Martínez Mediero, Yo tengo un tío en América d'A. Boadella, Retrato de gran almirante con perros de L. Riaza, Yo, maldita india... et El arquitecto y el relojero de J. López Mozo, El jardín quemado et La tortuga de Darwin de J. Mayorga, et Homenaje a los Malditos d'E. Calonge ‒ montre que le dispositif métahistorique se manifeste dans des dramaturgies variées. Ce corpus présente néanmoins une réelle unité : en écho à la préoccupation historiographique et sociétale actuelle pour l'écriture de l'histoire, il s'offre comme une manifestation artistique originale de la conscience métahistorique contemporaine, dans les particularités de l'aire espagnole. Ces textes semblent refléter par ailleurs l'affirmation progressive de la fiction métahistorique qui s'affranchit peu à peu de la fiction historique et de la métafiction. À l'heure où Clio est ramenée sur la scène des hommes, déconstruite et démythifiée, ces dramaturges n'en font pas moins acte de mémoire et offrent des espaces d'expression aux mémoires en souffrance. Résolument postmoderne, la fiction métahistorique contemporaine ne verse pas dans le nihilisme : elle démantèle les discours historiques pour mieux les comprendre ; elle les déconstruit pour proposer d'autres évocations du passé.
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