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Risque trypanosomien et innovation : le cas des éleveurs d'Afrique de l’Ouest / Trypanosomiasis risk and innovation : the case of livestock farmers in West AfricaEtienne Bouyer, Fanny 17 December 2015 (has links)
Les trypanosomoses animales africaines transmises par les glossines sont une des principales contraintes pathologiques au développement et à l’intensification de l’élevage en Afrique sub-saharienne. Leur contrôle repose sur deux grandes stratégies : la lutte autonome par les éleveurs qui vise à contrôler la maladie de manière à permettre une production rentable, et l’intervention étatique centralisée qui vise dans la plupart des cas l’éradication du vecteur et de la maladie. Cette seconde stratégie s’est amplifiée récemment dans le cadre de la campagne pan-africaine d’éradication des glossines et des trypanosomoses (PATTEC), coordonnée par l’Union Africaine. Je me suis attachée à caractériser les capacités d’innovation des éleveurs face au risque de santé animale et réciproquement à l’effet du contrôle du risque sur les trajectoires d’innovation des éleveurs. Le terrain d’étude a concerné deux pays d’Afrique de l’Ouest: le Burkina Faso et le Sénégal. Au Sénégal, nous avons développé une approche coûts-bénéfices originale d’un projet d’éradication, et montré que les bénéfices attendus dépendent essentiellement de l’innovation, grâce aux gains de productivité dus à la transition des systèmes d’élevage utilisant la race Djakoré trypanotolérante vers des systèmes d’élevage améliorés utilisant des races plus productives trypanosensibles. Au Burkina Faso (bassin du Mouhoun), les objectifs étaient de caractériser la perception du risque par les éleveurs, les stratégies autonomes de lutte et leurs capacités à adopter une nouvelle méthode de lutte contre les glossines, le pédiluve insecticide. Enfin, pour comprendre et anticiper l’impact de l’évolution du risque trypanosomien sur les trajectoires d’innovation des éleveurs et améliorer l’évaluation économique de la campagne d’éradication au Sénégal, une analyse croisée de 10 études de cas a permis d’identifier puis de caractériser les dynamiques locales d’innovation, les logiques d’action et les indicateurs de capacités d’innovation des différents groupes d’éleveurs. Dans les deux sites d’étude, le dynamisme des réseaux socio-techniques auxquels appartiennent les éleveurs et leurs manières de le mobiliser permettent de comprendre l’impact de ce risque sanitaire sur les capacités d’innovation des éleveurs. Ces processus ont été étudiés en mobilisant une théorie de l’innovation, la SAR (sociologie de l’Acteur-Réseau) et en combinant des méthodes d’enquêtes par questionnaire, d’épidémiologie participative et une analyse compréhensive socio-technique inspirée de la méthode du GERDAL (Groupe d’Expérimentation et de Recherche, Développement et Actions Localisées). En perspective, les avancées liées à ce travail dans le domaine de l’hybridation des sciences vétérinaires et sociales sont discutées, et des pistes d’amélioration possibles sont proposées. Un des principaux enseignements de cette thèse est d’ordre méthodologique : une piste est proposée pour l’hybridation de méthodes d’épidémiologie participative et d’une analyse compréhensive socio-technique basée sur les apports de la SAR et du GERDAL. / African animal trypanosomosis, transmitted by tsetse flies, are among the main animal health constraints to the development and intensification of cattle production in sub-Saharan Africa. Their control relies on two major strategies: the farmer-based control aiming at controlling the disease in order to allow a cost-effective production, and the centralized state intervention mostly targeting the eradication of the vector and the disease. This second strategy recently spread in the framework of the Pan African Tsetse and Trypanosomosis Eradication Campaign (PATTEC), coordinated by the African Union. I aimed to characterize the innovation capacities of livestock producers facing this animal health risk and vice versa the effect of risk control on innovation trajectories of livestock farmers. The study area concerned two west african countries: Burkina Faso and Senegal. In Senegal, we developed an original cost-benefit approach of the eradication program, and showed that the expected benefits mainly relie on innovation, thanks to the productivity benefits resulting from the shift from livestock breeding systems using the trypanotolerant Djakoré breed toward improved livestock breeding systems using more productive trypanosensible cattle breeds. In Burkina Faso (Mouhoun basin), the goals were to characterize the risk assessment by livestock producers, farmer-based control strategies and their capacities to adopt a new control method against tsetse flies, the insecticide footbath. At last, in order to understand and predict the impact of the evolution of the trypanosomosis risk on innovation trajectories of livestock producers and to improve the economic analysis of the eradication campaign in Senegal, a cross-sectional analysis of 10 case studies allowed identifying and characterizing the local dynamics of innovation, the rationales for action and the indicators of innovation capacities of the different groups of livestock producers. In the two study areas, the dynamism of socio-technical networks which livestock farmers belonged to and the ways they were mobilized allowed to understand the impact of this animal health risk on innovation capacities of the livestock producers. These processes were studied by mobilizing an innovation theory, the ANT (Actor Network Theory) and combining inquiry methods by questionnaires, methods of participatory epidemiology and a comprehensive socio-technical analysis inspired from the GERDAL’s method (Groupe d’Expérimentation et de Recherche, Développement et Actions Localisées). In perspective, advances linked to this work in the field of the hybridization between veterinary and social sciences are discussed, and few potential ways of improvement are proposed. One of the mains learning of this thesis is about methods: a pathway is proposed for hybridization of methods of participatory epidemiology and a comprehensive socio-technical analysis based on the inputs of SAR and GERDAL methods.
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Marchands de maigre, marchands de gras. Histoire sociale du commerce du bétail et de ses acteurs en Brionnais-Charolais, de la fin du 19e siècle à nos jours / Lean meat dealers, fat meat dealers. A social history of cattle trade and its actors in Brionnais-Charolais, from the late 19th century up to nowadays.Fayard, Dominique 09 December 2011 (has links)
L’histoire sociale du commerce du bétail et de ses acteurs en Brionnais-Charolais, de la fin du XIXe siècle à nos jours, se confond avec celle de la construction de la filière bovine qui se structure autour de trois spécialités : le naissage, l’embouche et le négoce. Plusieurs étapes, mises en évidence dans la thèse, l’ont jalonnée : développement de l’embouche dans la seconde moitié du XIXe siècle, accès progressif des cultivateurs-éleveurs à l’aisance au cours du XXe siècle, remise en cause des pratiques à partir des années 1960 au profit de l’élevage allaitant. Les apports de cette thèse – réalisée à partir de sources très fragmentaires dans un assemblage qui a nécessité quelque inventivité – à l’histoire rurale, sociale et économique sont multiples. Une mise en perspective des adaptations successives d’un monde agricole en profonde mutation est proposée. L’analyse des changements à l’échelle de la famille, de l’exploitation ou du commerce fait de cette thèse un travail pionnier. Les acteurs de la spécialisation sortent de l’ombre grâce à l’étude, selon une approche prosopographique, d’un corpus d’emboucheurs et de marchands de bestiaux. De même, sont mis en évidence des flux et des réseaux au sein desquels circulent le bétail et l’argent et qui contribuent au désenclavement du territoire observé. Jusqu’au milieu du XXe siècle, la société rurale brionnaise repose sur un équilibre patiemment acquis, bientôt ébranlé par la modernisation de l’agriculture et la Politique agricole commune. La filière s’organise progressivement dans la seconde moitié du XXe siècle. La professionnalisation du négoce de bétail passe par la fin des maquignons et la mise en place de structures coopératives. Au début du XXIe siècle, la question se pose du devenir des commerçants en bestiaux et de l’élevage dans le berceau de la charolaise. / The social history of cattle trade and its actors in Brionnais-Charolais, from the late 19th century up to nowadays merges into the history of the setting up of the cattle industry which has built itself around three fields : breeding, feeding and trade. My thesis reveals the different stages which have marked it up : from the development of cattle feeding in the second half of the 19th century, then the gradual access to wealth by farmers-breeders during the 20th century, to a questioning of old practices since the 1960s, replaced by brood cows breeding. I have carried out my thesis from very fragmentary sources into an assembly of facts (which had required great inventiveness) and shown how much contribution it could bring to the knowledge of rural, social and economical history. I propose a new perspective on the successive adaptations to a profoundly changing agricultural society. I have analyzed in a pioneering way the changes in the family as well as the farm or the trade fields. Thanks to a prosopographical approach, from a corpus of feeders and cattle dealers, this study brings the actors of specialization to light. In the same way, I have revealed the methods and the networks in which cattle and money circulate and which have contributed to opening up the studied area. Until the mid-20th century, the rural Brionnais society had rested on a patiently acquired equilibrium, soon shaken by a modernized agriculture and the Common Agricultural Policy. In the second half of the 20th century, the industry got itself organized gradually. The professionalization of cattle trade goes through the end of cattle dealers and the setting up of cooperatives. In the early 21st century, one has to wonder about the evolution of cattle traders and of breeding itself in the birthplace of Charolais cattle.
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