Cette thèse, qui étudie les effets des mutations économiques sur les parcours de vie des générations, s'inscrit au coeur de l'actuel débat théorique qui oppose deux grandes thèses relatives au changement culturel : celle de la montée des valeurs postmatérialistes et celle du retour des valeurs matérialistes. Du point de vue empirique, l'auteur examine les effets des mutations économiques sur les parcours de vie de deux cohortes de baby-boomers québécois (1942-51 et 1962-71), examen qui porte plus particulièrement sur le parcours professionnel, les modalités d'entrée dans l'âge adulte, les modes d'agencement travail-famille et l'éthique du travail. L'étude montre qu'en dépit de parcours professionnels et familiaux passablement différents, les cohortes présentent d'importantes similitudes, ce qui remet en question la solidité tant des thèses fondées sur l'existence d'un conflit intergénérationnel que de celles qui soutiennent· le retour des valeurs matérialistes. En effet, il appert que les mutations économiques des dernières décennies n'ont pas modifié de manière substantielle le mouvement de fond amorcé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, à savoir la montée de valeurs liées à la réalisation de soi. Si notre étude valide en partie la thèsepostmatérialiste du changement, elle n'en nuance pas moins certains aspects. Par exemple, tout indique que le changement culturel ne s'effectue pas simplement par le remplacement des générations, mais aussi par l'évolution des valeurs au sein des différentes générations au cours d'une même période historique. Par ailleurs, cette étude illustre aussi le fait que le concept de cohorte, bien qu'utile pour étudier le changement, tend à masquer les différences au sein d'une même cohorte, ce qui conduit souvent à de trop grandes généralisations.