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L’ « art pour manger » : explorations du complexe de l’autonomie alimentaire innue comme mémoire de liberté politique dans les lieux de friction des habitations politiques du Nitassinan

Mailhot, Amélie-Anne 24 July 2019 (has links)
Les discours innus (historiques et contemporains) sont marqués par la dépossession issue de la colonisation du Nitassinan, mais également par les ancrages de l’innu aitun, mode de vie traditionnel. Ces ancrages sont dans la présente thèse caractérisés comme une forme d’habitation politique dont l’articulation est le complexe de l’autonomie alimentaire innue. Celui-ci se pose comme 1- un complexe politique, éthique et épistémologique caractérisé par la porosité des domaines matériels et immatériels; et 2- une mémoire de liberté politique à partir de laquelle les Innu.e.s parlent de la colonisation, constituant de ce fait la base épistémique d’une critique radicale du mode de vie lié à la souveraineté étatique. Ce dernier, qui interrompt l’effectivité des pratiques de la vie traditionnelle, empêche par ses pratiques et ses principes l’opération du complexe de l’autonomie alimentaire innue. Les frictions entre ces deux formes d’habitation procèdent d’une « impasse épistémique » caractérisée par des conceptions radicalement divergentes de la question politique de la subsistance. Cette thèse explore le point de vue innu traditionnaliste sur les formes d’habitations politiques du Nitassinan. Même en l’absence du référent explicitement alimentaire, ce complexe de relations et cette idée de fluidité des mondes matériels et immatériels qui caractérisent le complexe de l’autonomie alimentaire innue continuent en effet, dans certains discours innus, d’être nommés, invoqués, revendiqués comme permettant une vie libre sur le territoire, physique ou symbolique. L’« art pour manger » devient la formule imagée de la poursuite de ce complexe, dont le centre est le déplacement épistémologique. Il y va d’une dimension éthique intrinsèquement connective qui, par renversement, dissout les prérogatives de l’habitation politique des Blancs (c’est-à-dire la souveraineté étatique et le capital), continue de faire vivre l’innu aitun en tant que manière de penser et de vivre, et invite à une remise en question qui se pose non seulement comme critique mais bien comme déplacement. En procédant par l’identification et l’exploration ouverte de situations d’interruption et de connexion de l’effectivité des pratiques de l’habitation politique innue, il s’agit de faire de certains « lieux de friction » des sites d’investigation, à l’aide d’une entreprise de description et d’analyse des procédés politiques et historiques de superposition des langages dans un même territoire. Explorant des sites existants de paroles contrastées et cherchant à en créer de nouveaux par la juxtaposition (correspondances, relations, poursuites devant les tribunaux, littérature et essais innus, discussions anthropologiques, atanukans, récits de vie) la thèse expose comment l’impasse épistémique se décline, se nourrit, se transforme mais aussi persiste dans la prolifération des formes par lesquelles la subsistance – et le complexe relationnel qu’elle informe – est volontairement ou involontairement ignorée, tournée en ridicule, ou invoquée, évoquée, rêvée, revendiquée. Ce lieu politique de colère et de liberté – la subsistance – semble former un nœud compact et de plus en plus opaque, plus le temps passe et euphémise des paroles et des gestes qui ont été oblitérés du discours politique par la violence d’État. La contribution principale de la thèse est donc de participer à actualiser un cadre d’analyse qui maintient visible le complexe de l’autonomie alimentaire comme perspective de liberté politique.

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