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Mesures de l'écrivain. Étude socio-statistique du sous-champ littéraire belge francophone de lentre-deux-guerresDozo, Björn-Olav 31 August 2007 (has links)
La première partie contient une introduction et trois chapitres. Lintroduction explique dans quel courant de la sociologie de la littérature nous nous inscrivons (la sociologie des champs de Pierre Bourdieu). Le premier chapitre précise que nous mobilisons la méthode prosopographique et nous permet dexpliciter notre outil la base de données du CIEL et notre corpus les auteurs belges ayant publié une uvre littéraire durant lentre-deux-guerres. Suivent deux chapitres qui offrent une archéologie de deux méthodes danalyse quantitative utilisées par la suite : lanalyse factorielle des correspondances et lanalyse structurale des relations sociales. Chacun des deux chapitres revient sur les théories principales qui mobilisent ces méthodes en sciences sociales (la théorie des champs pour lanalyse factorielle, la théorie de laction rationnelle pour les relations sociales). Nous proposons enfin une synthèse des apports de ces deux méthodes utilisées dans le cadre de la théorie des champs, moyennant une discussion de certaines implications de cette synthèse.
Chacune des deux méthodes est illustrée dun exemple. Une analyse factorielle du personnel de lAcadémie royale de Langue et Littérature françaises de Belgique permet notamment de pointer un moment de basculement dans le recrutement social de ce personnel ; une analyse relationnelle des préfaciers et des auteurs douvrages parus dans lentre-deux-guerres montre la très grande structuration du réseau catholique en Belgique francophone et nous permet dintroduire une catégorie de littérateurs qui retiendra notre attention dans la deuxième partie de la thèse : les animateurs de la vie littéraire, qui disposent dun fort capital relationnel.
Dans le premier chapitre de la seconde partie, nous problématisons notre corpus autour de la notion dautonomie du littéraire et dindépendance de la littérature belge par rapport au champ français. Nous introduisons la notion de sous-champ littéraire, empruntée à B. Denis, et nous interrogeons sur la capacité dun sous-champ à produire sa propre norme. Nous postulons un fonctionnement réticulaire pour lespace littéraire faiblement institutionnalisé que constitue la Belgique francophone de lentre-deux-guerres. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons construit les variables pertinentes pour lanalyse dans le deuxième chapitre. Nous avons ainsi construit, outre les indicateurs économiques et culturels traditionnels (capital économique et capital culturel), quatre autres variables : le capital symbolique belge, le capital symbolique français, le capital relationnel et la génération littéraire. Chacun est le produit synthétique dindices variés (comme la profession, la profession des parents, les études, la participation à des groupes littéraires, à des institutions, à des revues, etc.). Dans un troisième chapitre, nous nous sommes interrogé, grâce à plusieurs analyses factorielles, sur les corrélations qui existent entre les indicateurs et sur les conséquences de ces corrélations. Lanalyse montre que le capital symbolique belge est en partie indépendant du capital symbolique français, en particulier pour la troisième génération littéraire de notre corpus, cest-à-dire celle qui est confrontée, après la Première Guerre mondiale, à la reconfiguration des stratégies littéraires belges francophones, qui passent grosso modo dune logique centrifuge (affirmation nationaliste belge) à une logique centripète (fascination pour le centre parisien). Ensuite, lanalyse a mis en évidence la corrélation forte qui existe entre les capitaux symboliques et le capital relationnel. Ce dernier a été construit à partir dune analyse structurale des relations sociales des littérateurs de lentre-deux-guerres et permet de pointer la catégorie, déjà rencontrée dans lexemple de la première partie, des animateurs de la vie littéraire. Le constat de forte corrélation entre ces capitaux confirme donc notre hypothèse de départ : le sous-champ littéraire belge de lentre-deux-guerres produit bien sa propre forme de norme sociale, qui est fondée sur la logique du réseau.
Nous pouvons donc conclure en soutenant que la reconnaissance dun littérateur par ses pairs en Belgique francophone durant lentre-deux-guerres saccompagne généralement mais pas toujours, la condition est suffisante mais pas nécessaire de lentretien par ce littérateur de relations effectives avec de nombreux autres écrivains.
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