Tableau d’honneur de la Faculté des études supérieures et postdoctorales, 2024 / C'est en 2017 que le premier programme de mesures de rechange en matière de criminalité adulte non autochtone a été instauré dans la province de Québec. Ce programme poursuit un double objectif, celui de déjudiciariser et celui d'œuvrer selon des principes de justice réparatrice. Aux côtés des autres partenaires, les médiatrices professionnelles du réseau Équijustice, spécialistes de la justice réparatrice, furent les wagons par lesquels ces deux objectifs de réparer et déjudiciariser se sont raccrochés et opérationnalisés, jouant un rôle clé dans le déploiement du programme. Cette recherche vise à mettre en lumière l'expérience subjective des médiatrices ayant œuvré au programme de mesures de rechange général pour adultes au Québec, dans le cadre de l'intégration du programme à leur quotidien professionnel, via le prisme de leur identité professionnelle. L'analyse secondaire du contenu de 12 entrevues qualitatives a permis de montrer que l'intégration de ce programme dans les organismes communautaires de justice réparatrice a engendré de nombreuses (ré) flexions chez les médiatrices et une revitalisation de leur culture professionnelle. Les entrevues révèlent une polarisation marquée entre une identité professionnelle qualitativement forte dans leur représentation de leur rôle, et une identité professionnelle fragilisée dans leur rencontre avec les autres acteurs du programme, ce qui semble avoir créé un certain déséquilibre. Ce mémoire met également en lumière les diverses stratégies employées par les médiatrices pour revendiquer davantage de crédibilité et de reconnaissance professionnelle afin, à terme, d'œuvrer à la mise en place de la justice réparatrice à l'intérieur du programme et de favoriser l'accès à la justice sociale en général pour les usagers.