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Ardeur et vengeance : anthropologie de la colère au XVIIe siècle / Heat and revenge : anthropology of anger in the 17th centuryLe Floc'h, Justine 02 December 2019 (has links)
L’objectif de cette étude est de déterminer comment la pensée et l’imaginaire de la colère se façonnent en France au XVIIe siècle à partir d’un corpus large de littérature morale, comprenant des traités de médecine, de théologie, de philosophie, de morale et de civilité. La colère compte alors parmi les passions et se définit, conformément à la proposition aristotélicienne, comme un désir de vengeance qui fait suite à une marque de mépris et qui se manifeste dans le corps par un bouillonnement de sang autour du cœur. Elle est également une des quatre humeurs du système médical hippocratico-galénique : la bile jaune (cholè) menace les colériques de fièvres et autres inflammations. Associée à une folie et à un vice chez Sénèque, l’Ire figure enfin dans le septenaire des péchés capitaux, aux côtés de l’Orgueil et de l’Envie. Mais l’anthropologie chrétienne lui reconnaît également de bons usages, et tout l’effort des moralistes, médecins et théologiens de l’époque moderne est de déterminer comment concilier la dimension naturelle et physiologique de la passion avec l’aspiration à la vertu dans l’usage du monde. Ces auteurs encouragent au gouvernement des passions, à la fois dans une démarche charitable, et afin de favoriser leur usage rhétorique dans la mise en scène de soi sur la scène mondaine. Notre étude contribue à l’histoire des émotions de l’époque moderne par l’analyse des discours qui ont forgé les représentations et l’imaginaire de la colère. En déployant le modèle topique de la colère à partir de la littérature morale, considérée comme une formation discursive composée des différents champs du savoir, elle participe à l’anthropologie historique de l’affectivité. / This study aims to determine how the representations of anger were built in France in the 17th century from a broad collection of moral literature, including treatises on medicine, theology, philosophy, morals and civility. Anger was counted among the passions and defined, according to the Aristotelian proposal, as a desire for revenge caused by a perception of contempt, which manifests itself in the body with blood boiling around the heart. Anger (colère) was then correlated with choler, which is one of the four humors of the Hippocratic and galenic medicine (cholè): yellow bile causes fever and other kinds of inflammation. Considered as a form of madness and a vice by Seneca, the Ire finally appeared in the septenary scheme of the deadly sins, alongside Pride and Envy. But Christian anthropology also acknowledged its good uses, and the whole effort of the moralists, doctors and theologians of the early modern period was to determine how to reconcile the natural and physiological dimension of passion with the aspiration to virtue for the use of world. These authors encouraged the government of passions, both in a charitable perspective, and to promote their rhetorical use for self-staging in society.Our study contributes to the history of emotions in early modern France by analyzing the discourses that built the representations and the imagination of anger. By deploying the topical model of anger from a collection of moral literature considered as a discursive formation composed of different fields of knowledge, it participates in developing the historical anthropology of affectivity.
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