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Dans le temps. Pour une socio-anthropologie politique du passé-présent : patrimoine, mémoire, culture, etc.

Tornatore, Jean-Louis 26 November 2010 (has links) (PDF)
...Non décidément, il est toujours, et peut-être plus que jamais, utile de défendre un point de vue dont l'affirmation d'évidence, à l'instar d'un monument, nuirait à la visibilité. On a vite fait de vous enfermer dans une nuit anthropologique où tous les chats sont gris. Ce travail, contre lequel je n'ai cessé de pester jusqu'à ce que j'en mette le point final au motif qu'il était artificiel et ronflant et m'empêchait d'occuper le congé de recherche que m'a octroyé mon université à faire ce dont notre métier d'enseignant-chercheur-agent administratif nous prive de plus en plus : lire, est donc l'occasion de l'affirmer en racontant comment j'ai construit ma singularité, à la conjonction de plusieurs déplacements : vers la sociologie, vers la politique du patrimoine, vers une recherche - action, impliquée, attachée, etc., c'est à voir - participant à la performation de la réalité, vers le pragmatisme. En voici une première formulation en trois temps : un, loin de tout désarroi ou de toute dénonciation, prenons au sérieux les phénomènes d'objectivation de la culture autant que ceux, stigmatisés, d'une présence dite proliférante des objets du passé dans le présent. Deux, à faire une anthropologie de l'institution de la culture - au second degré ! -, et plus largement du passé-présent - les usages du passé -, on ne peut guère éluder leur dimension éthico-politique au risque de passer complètement à côté du phénomène. L'anthropologue - ou le socio-anthropologue - est certes un peu mieux placé que l'historien pour observer ces pratiques mais alors il peut aller plus loin que de coutume en se plaçant au plus près des personnes et en considérant leur propre réflexivité dans leur activité - leur " enquête " - et l'attachement qu'elles construisent dans l'action : cela suppose qu'il rabatte sa prétention à leur dire la vérité sur ce qu'ils font. Trois, de la réflexivité de l'acteur à la réflexivité du chercheur, et retour : l'occasion est belle pour l'anthropologue d'interroger son propre désir et comment ce désir instruit le topos de la différence culturelle. Et puisque amateurs et anthropologues partagent un même objet - la culture, le passé-présent -, pourquoi ne se rencontreraient-ils pas sur une même scène pour considérer leurs capacités à en dire quelque chose ? L'acte de la recherche en sciences sociales ne doit-il pas se déployer dans cet espace de coopération, en naître et s'y nourrir ?

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