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Sciences du vivant et psychothérapie analytique: formulation d'un modèle autopoïétique de l'activité psychothérapeutiqueChicoine Brathwaite, Yannick 03 1900 (has links)
La théorie des systèmes autopoïétiques, lancée par les biologistes Humberto Maturana et Francisco J. Varela, permet de décrire scientifiquement les principes organisationnels communs à tous les êtres vivants. Les principes autopoïétiques s’appliquent aussi, à l’état formel, à la vie psychique et à la vie sociale, comme le sociologue Niklas Luhmann a pu le montrer.
Puisque la psychanalyse et la psychothérapie analytique se situent au carrefour du psychique et du relationnel, nous cherchons à expliciter les principes autopoïétiques qui sous-tendent leur théorie et leur pratique. En ce sens, la thèse est une comparaison critique des aspects essentiels de la psychothérapie analytique avec les principes généraux du vivant. Le travail se divise en trois chapitres, présentés sous forme d’articles scientifiques théoriques.
Dans le premier chapitre, nous montrons comment le cadre et le processus analytique entretiennent une relation symbiotique, à la manière de la relation qu’entretient la membrane cellulaire avec les organites qu’elle contient. Ce faisant, nous mettons en évidence la clôture opérationnelle du cadre-processus analytique et nous argumentons que cela en fait un système social autopoïétique à part entière. Nous soulignons ensuite comment cette conceptualisation redéfinit la tâche éthique et pratique du clinicien, qui doit veiller à limiter les risques que l’environnement psychothérapeutique fait courir à l’autonomie du cadre-processus analytique.
Nous poursuivons dans le second chapitre l’exploration des conséquences de notre proposition, à savoir que le clinicien et le patient puissent être amenés à nuire ou à résister au cadre-processus ; et que le cadre-processus, comme système autonome, puisse être lui-aussi amené à résister à ses participants. Il s’ensuit un besoin de comprendre les rapports de résistance entre ces systèmes, nous amenant à nous appuyer fermement sur le concept de couplage structurel issu de la théorie des systèmes autopoïétiques. Ce point de vue relance la réflexion sur le rôle de la subjectivité et de l’intersubjectivité en thérapie analytique et nous amène à privilégier une attitude clinique valorisant l’interaction autonome de tous les systèmes impliqués.
Le troisième chapitre s’attaque de front à la question du transfert et du contre-transfert qui se profilait déjà à travers les chapitres précédents. En insistant sur le caractère radicalement inconscient du (contre)transfert, nous en proposons une redéfinition comme une forme particulière de couplage structurel entre les participants de la psychothérapie. En nous appuyant sur cette conceptualisation nouvelle, nous approfondissons la notion de communication analytique afin d’en montrer le potentiel thérapeutique.
La recherche se termine par une contextualisation de ses principales conclusions dans le domaine plus large des soins de santé mentale. Enfin, nous soulignons non seulement les avantages et les limites de la thèse, mais également ses potentialités futures, comme l’ouverture vers une théorie générale de la psychothérapie. / The theory of autopoietic systems, pioneered by biologists Humberto Maturana and Francisco J. Varela, makes it possible to scientifically describe the organizing principles common to all living beings. Autopoietic principles also formally extend to psychic and social life, as argued the sociologist Niklas Luhmann.
Since psychoanalysis and analytic psychotherapy are grounded in both the psychic and the relational domain, we aim to explicit the autopoietic principles underlying their theory and practice. In this respect, the thesis compares the essential aspects of analytic psychotherapy with the general principles of living systems. The work is divided into three chapters, presented as theoretical scientific articles.
The first chapter shows how the analytic setting and analytic process maintain a symbiotic relationship, much like the relationship between the cell membrane and the organelles it contains. We thus describe the operational closure of the setting-process and argue that this makes it a full-fledged autopoietic social system. We then draw attention to how this conceptualization redefines the ethical and practical task of the clinician, who must limit the risk of environmental pressures disrupting the autonomy of the analytic setting-process.
In the second chapter, we continue to explore the consequences of our proposal, arguing that the clinician and the patient may resist the setting-process of analytic psychotherapy; and that the setting-process, as an autonomous system, can also resist its participants. There follows a need to understand the resistances between these systems, leading us to rely on the concept of structural coupling derived from the theory of autopoietic systems. This original point of view fuels reflection on the role of subjectivity and intersubjectivity in analytical therapy and leads us to favor a clinical position that values the autonomous interaction of all the systems involved.
The third chapter tackles head-on the problem of transference and countertransference that has already been looming over the previous chapters. By insisting on the radically unconscious character of (counter) transference, we suggest redefining it as a particular form of structural coupling between the participants of psychotherapy. From this new conceptualization, we deepen the notion of analytic communication and highlight its therapeutic potential.
The research ends with a contextualization of its main findings in the broader field of mental health care. Finally, we underline not only the advantages and the limits of the thesis, but also future possibilities such as moving towards a general theory of psychotherapy.
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