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Régulation émotionnelle et conduites alimentaires à risque : approfondissement du rôle de l’alexithymie et des émotions discrètes de types traits et états

Pugliese, Jessica 09 1900 (has links)
La forte prévalence des conduites alimentaires à risque (CAAR), par exemple la restriction alimentaire, les vomissements auto-induits ainsi que les crises d’hyperphagie boulimique de sévérité non diagnostique, et les conséquences importantes qu’elles peuvent entraîner ont amené les chercheurs à vouloir mieux comprendre les facteurs impliqués dans leur développement. Cette thèse s’intéresse à un phénomène à la base d’un nombre grandissant de théories sur les CAAR : la régulation émotionnelle. Le premier article se concentre sur le concept d’alexithymie, un trait de personnalité jouant un rôle clé dans la régulation émotionnelle ainsi que le développement, le maintien et la rechute des CAAR. Bien que l’association entre l’alexithymie et les CAAR soit bien établie, les études n’offrent pas d’explication quant aux facteurs qui contribuent à l’apparition de traits de personnalité alexithymiques qui, à leur tour, placent l’individu à risque de développer des CAAR. En explorant la documentation scientifique disponible, il est possible de constater que plusieurs psychanalystes ont autrefois proposé des concepts pour expliquer le développement de l’alexithymie (p. ex. refoulement primaire, expérience non formulée, déni), mais ces théories ont rarement fait l’objet d’études empiriques. L’objectif du premier article est donc de tester ces modèles en utilisant deux stratégies de régulation émotionnelle provenant du modèle de James J. Gross, soit la suppression expressive et la réévaluation cognitive. Un échantillon de 292 femmes provenant majoritairement d’une population non clinique universitaire a complété le Toronto Alexithymia Scale-20 items, le Emotion Regulation Questionnaire et le Eating Disorder Inventory-2. Les résultats des médiations proposent que la suppression expressive prédit positivement les traits de personnalité alexithymiques, ce qui prédit positivement les CAAR. Inversement, la réévaluation cognitive prédit négativement les traits de personnalité alexithymiques, ce qui prédit ensuite négativement les CAAR. Ces résultats suggèrent qu’il pourrait être pertinent d’intervenir sur certains mécanismes potentiellement précurseurs de l’alexithymie afin de favoriser la diminution d’agirs comportementaux comme les CAAR. Les résultats de cette première étude ouvrent la réflexion sur des pistes d’intervention concrètes pouvant être mises en application auprès des personnes souffrant de CAAR. En effet, les résultats de cette thèse suggèrent qu’il pourrait être important d’aider l’individu à diminuer l’évitement/la suppression de ses émotions pour plutôt encourager leur exploration. Il est possible d’émettre l’hypothèse que ce type d’intervention permettrait, avec le temps, la diminution des traits alexithymiques, ceci en favorisant la formation de représentations mentales des émotions. Conséquemment, la diminution de décharges somatiques comme les CAAR pourrait s’en suivre. L’implication des résultats pour les thérapies de différentes approches (p.ex. psychodynamique, cognitivo-comportementale et basée sur la mentalisation) est ensuite discutée. Afin de préciser l’étude de la régulation émotionnelle dans les CAAR, le second article a pour but d’identifier les émotions jouant un rôle particulier au sein de ces comportements. Pour ce faire, cet article, qui comprend deux études, s’intéresse aux liens entre les catégories émotionnelles distinctes du modèle des émotions différentielles d’Izard (p. ex. tristesse, joie) et les CAAR. La première étude a pour objectif d’explorer l’association entre les émotions-traits et les conduites alimentaires de recherche de minceur et boulimiques. Un total de 244 femmes provenant en majorité d’une population non clinique universitaire a complété le Eating Disorder Inventory-2 et le Differential Emotion Scale-trait version. Les analyses de régression démontrent que le modèle d’Izard prédit significativement les conduites de recherche de minceur et boulimiques. La contribution unique de chaque émotion-trait est ensuite étudiée. Les résultats indiquent que la honte est la seule émotion qui reste un prédicteur significatif des conduites de recherche de minceur et que seuls la culpabilité, le mépris et l’hostilité dirigée contre soi demeurent des prédicteurs significatifs des comportements boulimiques. Pour sa part, la seconde étude a pour but d’explorer l’association entre les émotions-états et les CAAR. Un total de 155 participantes provenant de l’échantillon de la première étude a complété un questionnaire leur demandant de rapporter par écrit un comportement de restriction ou de boulimie ayant eu lieu dans le passé. Elles ont ensuite complété le Differential Emotion Scale-state version. Les analyses descriptives démontrent que nonobstant la nature du comportement, la tristesse est l’émotion vécue la plus intensément par les participantes avant l’épisode rapporté. De plus, une comparaison de groupes a révélé que les personnes ayant décrit un épisode de boulimie ressentent significativement moins de joie et d’intérêt avant l’épisode que celles ayant rapporté un comportement restrictif. En résumé, les résultats suggèrent tout d’abord que les émotions négatives semblent jouer un rôle important au sein des CAAR. En ce sens, cet article appuie les recommandations de certains chercheurs à l’effet que l’intervention auprès des personnes ayant des CAAR nécessite d’inclure des volets dédiés à la régulation des émotions. Toutefois, ces études vont encore plus loin en proposant qu’il pourrait être pertinent de développer des interventions ciblées et concrètes permettant la gestion d’émotions ou de patrons d’émotions qui jouent un rôle prédominant auprès des différents CAAR. / The high prevalence of disordered eating (DE), for example food restriction, selfinduced vomiting or binge eating that are not of diagnostic severity, and the important consequences that they can entail have led researchers to further investigate the premorbid factors involved in them. The present thesis is interested in a phenomenon that is the basis of a growing body of theories on DE: emotion regulation. The first paper focuses on the concept of alexithymia, a personality trait that plays a key role in emotion regulation as well as in the development, maintenance, and relapse of DE symptoms. Although the association between alexithymia and DE is well established, current studies offer no explanation as to what factors contribute to the development of alexithymic personality traits, which in turn puts the individual at risk for DE. Several psychoanalysts have offered theoretical concepts to explain the development of alexithymia (e.g. primary repression, unformulated experience, denial), but these have not been submitted to empirical studies. The aim of the first study is to test these theories using two empirically established emotion regulation strategies taken from James J. Gross's model, namely expressive suppression and cognitive reappraisal. A sample of 292 women, the majority being undergraduated students, completed the Toronto Alexithymia Scale-20 items, the Emotion Regulation Questionnaire, and the Eating Disorder Inventory-2. The results of the mediation analyzes suggest that expressive suppression significantly and positively predicts alexithymic personality traits, which positively predicts DE. Inversely, cognitive reappraisal negatively predicts alexithymic personality traits, which then negatively predicts DE. These results suggest that it could be important to intervene on certain mechanisms that are potential precursors of alexithymia in order to promote the reduction of DE. More specifically, the results of this first study open up reflection on concrete lines of intervention that could be applied to vii people suffering from DE. Indeed, the results propose that it could be beneficial to encourage these individuals to explore their emotions rather then to avoid / suppress them. It can be hypothesised that these types of intervention will allow, over time, the reduction of alexithymic traits by promoting the formation of mental representations of emotions. Consequently, it is possible that the decrease in somatic discharges such as DE will follow. The implication of the results for different therapeutic approaches (psychodynamic, cognitive behavioral and mentalization-based) is then discussed. In order to further clarify the role of emotional regulation in DE, the second paper aims to identify emotions that play a key role in the disorder. This article, divided into two studies, focuses on the association between distinct emotional categories from Izard's differential emotions theory (e.g. sadness, joy) and pathological eating. The first study explores the relationship between trait-emotions and DE. A total of 244 women, the greater part being undergraduated students, completed the Eating Disorder Inventory-2 and the Differential Emotion Scale-trait version. Regression analyzes show that Izard's model significantly predicts both drive for thinness and bulimic behaviors. The unique contribution of each trait-emotion is then explored. The results indicate that shame is the only emotion that remains a significant predictor of drive for thinness and that only guilt, contempt and self-directed hostility remain significant predictors of bulimic behavior. As for the second study, a total of 155 participants coming from the first study sample completed a questionnaire asking them to report in writing an episode of restriction or bulimia that occurred in the recent past. They then completed the Differential Emotion Scale-state version. Descriptive analyzes reveal that regardless of the kind of DE, sadness is the emotion experienced most intensely by the participants before the reported episode. Furthermore, group comparisons indicate that people who report a bulimic episode felt viii significantly less joy and interest before the event than those who recalled a restrictive behavior. In summary, the results first suggest that people with DE experience more negative emotions on a daily basis. Thereby, this article supports the recommendations of certain researchers suggesting that interventions with people exhibiting DE should include components dedicated to the regulation of emotions. Moreover, these studies go even further by suggesting that it could be relevant to develop targets and concrete interventions allowing the regulation of specific emotions or patterns of emotions, which could play a predominant role with the various DE.

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