Cette recherche a pour objectif d'élaborer un cadre d'évaluation de la performance d'institutions de micro-financement. Ces institutions sont mises en place pour répondre au besoin de financement de micro-entreprises initiées par des populations pauvres pour satisfaire leurs besoins de base. Ces micro-entrepreneurs, compte tenu de la précarité de leur situation économique et sociale, ont en effet été longtemps exclus du secteur bancaire traditionnel. Pour pallier ces imperfections de marché, différents modes organisationnels ont vu le jour (Organisations Non Gouvernementales, coopératives d'épargne et de crédit, banques, etc.). Habituellement, les auteurs intéressés par cette problématique recourent aux théories contractualistes pour expliquer le phénomène d'exclusion des micro-entrepreneurs du marché du crédit traditionnel et l'émergence de ces modes organisationnels spécifiques. Quoique ce cadre théorique offre des éléments d'explication intéressants pour notre problématique, notre thèse doctorale montre également ses limites. Afin de rendre compte de la multiplicité des objectifs qui peuvent être poursuivis par les membres des institutions de micro-financement (aides aux plus démunis, rentabilité des capitaux, etc.) ainsi que des mobiles qui peuvent animer ceux-ci (intérêts personnels, collectifs, etc.), nous montrons tout l'intérêt d'adopter une perspective conventionnaliste. A la suite de trois études de cas menées en profondeur au Chili, selon les principes méthodologiques de la ‘Grounded Theory', nous proposons un modèle d'évaluation de la performance des institutions de micro-financement qui présente la particularité de tenir compte du registre conventionnel adopté par les membres de ces institutions. Outre les aspects théoriques explicités plus haut, cette thèse prétend également à avoir une portée prescriptive pour les acteurs intéressés par la problématique de l'aide aux populations défavorisées.